Je suis heureuse de vieillir.
Je me souviens de mes treize ans, de la liberté qui m'était offerte de pouvoir "traîner" seule dans la rue et de l'incroyable et incessante sollicitation des hommes, tout âge confondu. C'était des petits riens, des "il faut sourire mademoiselle" à répétition des "eh, je te dis bonjour tu pourrais répondre!" et souvent quand le fameux bonjour n'arrivait pas "pétasse" ou "pour qui tu te prends!" Impossible de montrer le bout de son nez sans susciter des commentaires. Le phénomène s'amplifiait si on avait le malheur de sortir en bande, pas question de pouvoir aller au cinéma sans se voir comparer à un banc de morue ou de prendre un café sans qu'un "habitué" s'installe à coté de nous et entame de force la conversation par des banalités affligeantes.
Quand arrive mes quinze ans, je vais culpabiliser. La faute vient peut être de moi. Pourquoi ne pas accorder un peu de temps à celui qui me parle, pourquoi ne pas lui dire bonjour? Les discussions ne prêtent pas à conséquence et généralement ne se poursuivent pas. Inutile d'en faire un drame!
Mais à mes dix-sept ans on m'accuse d'allumeuse! Pourquoi tu réponds si t'es pas intéressée! L'incompréhension et le ras le bol s'installent. Je trouve des parades, je reste vigilante. Si je vois un homme de loin je change de trottoir ou je tourne la tête. Je fais celle qui ne parle pas français mais rien n'y fait. On me conseille de me faire accompagner par un homme. C'est hors de question! Je ne vis pas en Afghanistan.
A mes dix neuf ans je me suis résignée. Je suis obligée d'être disponible et soumise au jugement du premier passant venu. Si je répond bien je suis "un vrai rayon de soleil", si je répond mal "une pauvre conasse avec un gros cul". J'ai déjà assez d'expérience pour me sortir de situation embarrassante mais je ne considère pas cela comme une façon de vivre.
Bien sur je continue de sortir et d'encaisser les remarques. Parfois j'ai assez d'humour pour que tout se passe bien et parfois pas... J'insulte et je me fais cracher dessus, je menace et je me prend un coup de boule...
Quand j'ai enfin la solution :je sort avec un walk man sur les oreilles et une paire de lunette de soleil quand le temps s'y prête. Je ne les entends plus, enfin je suis tranquille!
Et puis un jour, je passe à coté d'une bande de jeunes hommes, j'ai oublié mon Mp3 et je m'attend à une remarque mais rien ne vient. Je vais pousser le vice à marquer un stop et à les regarder droit dans les yeux mais toujours rien. Je peux attendre une amie à la terrasse d'un café sans que personne ne s'incruste. Je peux prendre le métro, faire mes courses sans aucun incident.
J'ai vingt huit ans, j'ai enfin dépassé l'âge limite de la disponibilité.
Messieurs, abandonnez vos habitudes de machos et dites vous qu'une femme n'est pas sur terre pour votre bon plaisir!
Je me souviens de mes treize ans, de la liberté qui m'était offerte de pouvoir "traîner" seule dans la rue et de l'incroyable et incessante sollicitation des hommes, tout âge confondu. C'était des petits riens, des "il faut sourire mademoiselle" à répétition des "eh, je te dis bonjour tu pourrais répondre!" et souvent quand le fameux bonjour n'arrivait pas "pétasse" ou "pour qui tu te prends!" Impossible de montrer le bout de son nez sans susciter des commentaires. Le phénomène s'amplifiait si on avait le malheur de sortir en bande, pas question de pouvoir aller au cinéma sans se voir comparer à un banc de morue ou de prendre un café sans qu'un "habitué" s'installe à coté de nous et entame de force la conversation par des banalités affligeantes.
Quand arrive mes quinze ans, je vais culpabiliser. La faute vient peut être de moi. Pourquoi ne pas accorder un peu de temps à celui qui me parle, pourquoi ne pas lui dire bonjour? Les discussions ne prêtent pas à conséquence et généralement ne se poursuivent pas. Inutile d'en faire un drame!
Mais à mes dix-sept ans on m'accuse d'allumeuse! Pourquoi tu réponds si t'es pas intéressée! L'incompréhension et le ras le bol s'installent. Je trouve des parades, je reste vigilante. Si je vois un homme de loin je change de trottoir ou je tourne la tête. Je fais celle qui ne parle pas français mais rien n'y fait. On me conseille de me faire accompagner par un homme. C'est hors de question! Je ne vis pas en Afghanistan.
A mes dix neuf ans je me suis résignée. Je suis obligée d'être disponible et soumise au jugement du premier passant venu. Si je répond bien je suis "un vrai rayon de soleil", si je répond mal "une pauvre conasse avec un gros cul". J'ai déjà assez d'expérience pour me sortir de situation embarrassante mais je ne considère pas cela comme une façon de vivre.
Bien sur je continue de sortir et d'encaisser les remarques. Parfois j'ai assez d'humour pour que tout se passe bien et parfois pas... J'insulte et je me fais cracher dessus, je menace et je me prend un coup de boule...
Quand j'ai enfin la solution :je sort avec un walk man sur les oreilles et une paire de lunette de soleil quand le temps s'y prête. Je ne les entends plus, enfin je suis tranquille!
Et puis un jour, je passe à coté d'une bande de jeunes hommes, j'ai oublié mon Mp3 et je m'attend à une remarque mais rien ne vient. Je vais pousser le vice à marquer un stop et à les regarder droit dans les yeux mais toujours rien. Je peux attendre une amie à la terrasse d'un café sans que personne ne s'incruste. Je peux prendre le métro, faire mes courses sans aucun incident.
J'ai vingt huit ans, j'ai enfin dépassé l'âge limite de la disponibilité.
Messieurs, abandonnez vos habitudes de machos et dites vous qu'une femme n'est pas sur terre pour votre bon plaisir!
1 commentaire:
;-) j'aime ta plume et ce qu'elle écrit...c'est drôle, je m'y retrouve dans tes lignes...Après quand tu as un enfant, c'est encore mieux: tu deviens transparente, il n'y a plus que des regards pour l'enfant.
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