Le Nouvel Observateur voulait rendre hommage à Simone de Beauvoir dans un numéro spécial sur le centenaire de sa naissance. Que trouve t-il judicieux de mettre en couverture? Une photo intime d'elle où elle pose nue.
Pour ceux qui ne seraient pas au courant, notre très chère Simone est la mère spirituelle du mouvement féministe, elle a essayé de décrire la réalité féminine de son époque, de montrer comment une femme est systématiquement confinée à son sexe, méprisée, utilisée et asservie. Elle voulait pour chacune d'entre nous une vie libre où on pourrait enfin s'évader de la sphère qui nous a été assignée. Elle avait une vie sexuelle affranchie des convenances qu'elle ne cachait pas mais qu'elle n'étalait pas non plus. Elle voulait qu'on nous laisse tranquille avec notre corps et les obligations qui vont avec. Je vous assure que la montrer nue ne rend grâce ni à son oeuvre ni à sa vie.
Objectivement, je trouve cette situation assez cocasse. Comment on t il pu avoir une idée aussi saugrenue! Auraient ils pensé à la même chose pour Albert Camus ou Émile Zola. J'imagine assez mal une photo de Jean Paul Sartre, allongé nu sur son divan faire la couverture du magazine qui titrerai "L'existentialiste est un libertin" en hommage au philosophe. Mais ce n'est pas parce que j'ai le sens de l'humour que je ne peux pas m'indigner.
Je sais que la rédaction du Nouvel Observateur n'est pas misogyne et n'avait pas de mauvaises intentions. Et c'est là où réside le problème et toute la difficulté de notre lutte.
A l'époque de Simone, ils existaient deux clans: celui qui pensait que les femmes ne valaient pas grand chose et celui qui au contraire défendait ses droits. Aujourd'hui le cliché du macho grande gueule qui ne trouve son intérêt dans la compagnie d'une femme que pour faire le ménage et lui assurer une progéniture est assez loin. Mais pas encore assez... Aujourd'hui on ne se bat pas contre une idéologie mais contre une façon de vivre, une survivance de cette époque. La domination masculine a imprégné notre société jusque dans nos comportements. Il est impossible de concevoir nos relations avec autrui quel qu'il soit sans les hiérarchiser.
A l'époque de Simone, ils existaient deux clans: celui qui pensait que les femmes ne valaient pas grand chose et celui qui au contraire défendait ses droits. Aujourd'hui le cliché du macho grande gueule qui ne trouve son intérêt dans la compagnie d'une femme que pour faire le ménage et lui assurer une progéniture est assez loin. Mais pas encore assez... Aujourd'hui on ne se bat pas contre une idéologie mais contre une façon de vivre, une survivance de cette époque. La domination masculine a imprégné notre société jusque dans nos comportements. Il est impossible de concevoir nos relations avec autrui quel qu'il soit sans les hiérarchiser.
Il est de notre devoir d'identifier ces comportements et de les modifier;
Alors messieurs et mesdames du Nouvel Observateur, je vous le dis sans animosité, excusez vous pour cette photo malencontreuse. Simone était une femme, certes, mais c'était surtout une philosophe et une écrivaine et c'est pour ça qu'on se souvient d'elle!
Alors messieurs et mesdames du Nouvel Observateur, je vous le dis sans animosité, excusez vous pour cette photo malencontreuse. Simone était une femme, certes, mais c'était surtout une philosophe et une écrivaine et c'est pour ça qu'on se souvient d'elle!
ce post a été envoyé à M Jean Daniel, redacteur en chef du novel Obs à l'adresse suivante jdaniel@nouvelobs.com
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Voici le deuxième mail adréssé au nouvel obs:
Cher Monsieur Daniel,
Bien sur je n'imaginais pas recevoir une réponse dans les cinq minutes à mon courriel du 11 janvier dernier et votre mutisme ne m'étonne pas (souvenezvous, les fesses de Simone en couverture, moi pas contente, moi expliquer vous grand outrage, moi demander vous excuses)...
je suis juste un peu déçue mais j'ai bien l'impression que c'est une habitude à prendre avec vous.
Monsieur Daniel, auriez vous un ego mal placé pour ne pas reconnaître une erreur et revenir dessus? Je connais la position de votre équipe éditoriale sur le sujet: "On voulait donner une image moderne ( montrer une femme nue à ne pas en douter c'est une vision très moderne de la femme...), la photo lui rend hommage, elle est très belle (vous l'avez quand même retouchée, grande philosophe ou pas, l'idée d'un peu de cellulite en couverture ne vous semblait pas vendeur?) elle serait partie dans un grand éclat de rire envoyant la photo ( bizarrement je n'en suis pas aussi sure que vous, peut être parce que j'ai lu ses livres. Si vous avez besoin d'une fiche delecture sur le deuxième sexe pour vous rafraîchir la mémoire, faites moi signe!)
Vous n'êtes donc pas décider à prendre un peu de recul et comprendre que vous avez blessé une grande partie de vos abonnés et aussi des lecteurs potentiels (je sens que l'argument économique fait mouche!).
Pourquoi ne pas réunir votre géniale équipe éditoriale, réfléchir sur la polémique et faire un dossier sur le féminisme dans votre prochain numéro(je vous préviens, ne comptez pas sur moi pour montrer mes fesses!)
Voilà une bonne façon de vous rattraper...
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la réponse, enfin, mais pas de jean Daniel mais de Véronique Cassarin Grand (vcassaringrand@nouvelobs.com) qui a quand même signé au nom de M Daniel
Madame,
La publication de la photographie de Simone de Beauvoir nue en couverture de notre magazine m'a parue nettement regrettable mais en aucun point déshonorante, et ne justifiant pas, en tout cas, les propos hostiles etinjurieux qu'elle a parfois provoqués.
Jean Daniel
1 commentaire:
J'ai lu les mémoires d'une jeune fille rangée à 13 ans, le deuxième sexe à 17 ans, Simone de Beauvoir reste pour moi une référence (en tout cas pour les ouvrages sus-cités) et franchement j'ai adoré cette photo en couverture (et dire que je ne suis pas une fan du nouvel obs serait un euphémisme). J'ai adoré qu'on puisse la voir comme ça et que ça ne change rien à l'aura de la penseuse et de la femme de lettres. J'ai éprouvé un regain de respect pour elle en la voyant, nue en talons hauts dans une salle de bain, qui regarde le photographe en coin dans le miroir. Ce qui me désole, c'est plutôt qu'on ne puisse pas montrer Sartre à poil- et je suis très sérieuse.
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