mercredi 30 avril 2008

Pourquoi les hommes sont violents?

Il y a justement un passage dans le livre "Autopsie d'un procès" de Gérard Lecha qui apporte un début de réponse,p72 dans l'édition de 90:

"Sans doute, nombre de psy nous diront qu'il y a nécessairement des causes prédisposantes chez ces hommes-là. Ce sera un caractère trop ardent du type de ceux auxquels donnent lieu les tempéraments bilioso-sanguins et bilioso-nerveux, ou encore la trop grande impressionnabilité et l'agitation imaginative des lymphatico-nerveux, voire Oedipe mal résolu ou... tout autre fourbi explicatoire.

Or, il est clair que si ces prétendues causes prédisposantes étaient contrées dès le premier âge par le contrepoids d'une formation à l'empire sur soi-même et au respect de l'autre, ce genre d'égarement avilissants pour l'humain seraient très certainement moins fréquents. Mais ce ne sera vraiment que lorsque la violence prétendument"virile" ne sera plus érigée en valeur morale que les choses pourront alors changer positivement.

Lorsque l'on n'entendra plus, par exemple, un avocat mâle s'exclamer dans les couloirs du tribunal après l'audition de la sentence: "Cinq mois ferme? Fichtre! C'est quand même cher payer pour avoir tiré un coup"".

Le livre du mois d'avril 2008

Le livre du mois d'avril 2008 est:

Autopsie d'un procès, de Gérard Lecha, publié en février 1982 aux éditions EST, Samuel Tastet Éditeur et malheureusement indisponible autrement que d'occasion.

Si le viol est puni sévèrement par la loi et ce depuis au moins le XIXème siècle, les plaintes ne sont pas légions par rapport aux victimes constatées, les procédures n’aboutissent pas ou très peu et les procès sont toujours long et douloureux pour la victime.

Nombreuses sont les féministes qui se sont battues pour que le législateur prenne en compte les raisons de ce dysfonctionnement et admette son incapacité à permettre aux victimes d’avoir un procès digne et juste et de punir ces agresseurs à la hauteur du crime commis.

Gérard Lecha, docteur en psychologie sociale et en sociologie, est l’une de ces féministes. Dans Autopsie d’un Procès, il nous raconte l’effroyable histoire du viol de Marie-André Marion.

Le 30 décembre 1978, Marie-André, après s’être disputé avec l’infirmier de garde de l’hôpital psychiatrique de Villejuif (94) où elle était volontairement internée suite à une dépression, s’en va sur un coup de tête. Elle déambule dans la rue jusqu’à trouver un café ouvert où elle va se réfugier. Elle va mal, cela se voit et trois habitués du café entament la conversation avec elle, lui payent à boire et la réconfortent. Elle leur raconte son histoire (elle est seule, sans famille, dépressive et vient de « fuguer » de l’hôpital). Ils sont gentils, Marie-André décide de rentrer à l’hôpital et c’est tout naturellement que les trois amis, mariés, père de famille lui proposent de la raccompagner en voiture.

Bien sur ils ne la raccompagnent pas, ils l’avaient déjà décider entre eux, cette fille va y passer. Le déroulement de l’histoire je ne la raconterai pas en détail, ils vont l’emmener dans un endroit isolé, l’obliger à se déshabiller, la violer à tour de rôle et la frapper violement avant de se séparer et de laisser à l’un d’entre eux la charge la ramener où bon il lui semblera. Marie-André arrive à s’enfuir et à retourner à l’hôpital de Villejuif.

Elle veut porter plainte tout de suite, on la décourage, elle veut voir une médecin de garde, celle ci arrive mais ne lui fait pas d’examen complet. Elle arrive quand même à porter plainte, la police la croit, enquête, retrouve ses agresseurs assez vite.

Les agresseurs s’indignent, non ils ne l’ont jamais violé! C’est elle qui prise d’une crise d’hystérie, s’est mise à se cogner toute seule, d’ailleurs elle criait « Je suis lesbienne baiser moi! ». N’est elle pas internée dans un hôpital psychiatrique? Marie-André est homosexuelle, c’est vrai, elle ne le nie pas. Ils l’ont jeté dehors, c’est eux qui ont eu peur de son comportement violent. D’ailleurs, eux ils ont un travail, des épouses, des enfants, elle est une comédienne au chômage. Elle n’a pas fait d’examen, aucune trace de sperme a été retrouvée. C’est se parole contre la nôtre.

Le 23 septembre 1982, la Cour d’Assises de Créteil, les neuf jurés dont cinq femmes, acquittent les trois violeurs qui s’en vont libre de recommencer.

mercredi 23 avril 2008

Un tueur en série sur Paris?

Le 23 février dernier, une jeune femme de 19 ans, d’origine suédoise, passe la soirée dans une boîte de nuit de la rue Marbeuf (Paris 8ème) qu’elle quitte à 2h du matin. Selon des témoignages recueillis par les gendarmes, on la voit prendre un taxi non loin des Champs Elysées. La jeune femme sera violée et découverte quelques heures après, errante dans un verger d’Orgeval (Yvelines), à 28 kilomètres de Paris.

Samedi 19 avril, Sussana, une jeune étudiante de 19 ans, également suédoise, sort d’une discothèque du boulevard Rivoli, La Scala, vers 4h du matin pour regagner son studio dans le 18ème. Elle envoie un sms à une amie pour lui signaler qu’elle rentre seule en taxi et que le chauffeur “n’a pas l’air net”.

On découvrira son corps sur le chemin forestier d’Avilly-Saint-Léonard, (Oise) à 27 kilomètres au nord de Paris. Sussana a été retrouvée sur le ventre, habillée, partiellement brûlée, les mains attachées dans le dos. Selon l’autopsie, elle serait morte d’un coup de couteau au thorax après avoir été battue. L’état de son corps ne permet pas d’affirmer si elle a subi ou non des violences sexuelles.

Son agresseur lui aurait tiré quatre balles au niveau de la tête mais, toujours selon l’autopsie, seulement après sa mort. Voulait il “masquer” son crime et orienter la police vers la piste d’un crime crapuleux?Selon les enquêteurs, le corps de la jeune femme a été brûlée pour effacer tous les indices et les traces ADN, (l’agresseur est il fiché, connu des services de police? Ne voulait il pas qu’on fasse le lien entre ce meurtre et le viol de la jeune femme retrouvée dans les Yvelines? Est il devenu plus prévoyant en vu de recommencer?)

La façon dont Sussana a été violée, transportée, tuée, puis brulée (même si pour l’instant rien ne prouve avec certitude que cela se soit passé dans cet ordre) nous indique que l’agresseur prémédite ses crimes puisqu’il s’organise pour avoir à portée de main de quoi attacher sa victime et de quoi bruler son corps, (sans parler de l’arme à feu).
Il arpente les quartiers animés de Paris, fait la sortie des boîtes de nuit “branchées” et fréquentées par des etudiantes assez aisées, autant dire qu’il part à la chasse les fins de semaine à bord d’un (faux?) taxi.

Malgré les similitudes des deux dossiers, la police hésite encore à parler de violeur/tueur en série et de rapprocher les deux affaires. La première victime avait les cheveux brun alors que Sussana était blonde. Cette différence importante dans le profil des victimes intrigue et oblige les enquêteurs à se montrer prudent.

dimanche 20 avril 2008

Et les chiens se taisaient, d'Aimé Césaire

Extraits.

"Eux
eux les chiens
eux les hommes aux babines saigantes, aux yeux d'acier
mais vous savez je vous dis que l'action de la justice est éteinte.
éteinte, mais la lueur de leurs yeux ne s'éteint jamais."

(...)

"Et l'on nous vendait comme des bêtes, et l 'on nous comptait les dents... et l'on
nous tâtait les bourses et l'on examinait le cati ou le décati de notre peau et l'on
nous palpait et pesait et soupesait et l'on passait à notre cou de bête domptée le
collier de la servitude et du sobriquet."

(...)

"... et je vous regarde et je vous dévêts au milieu de vos
mensonges et de vos lâchetés
larbins fiers petits hypocrites filant doux
esclaves et fils d'esclaves
et vous n'avez plus la force de protester de vous indigner
de gémir
condamnés à vivre en tête à tête avec la stupidité
empuantie sans autre chose qui vous tienne chaud
au sang que de regarder ciller
jusqu'à mi-verre votre rhum antillais..."

mardi 8 avril 2008

Et vous, qu'en pensez vous?

Pourquoi l'homme est il violent?

Voici la réponse de Michela Marzano, philosophe, chercheuse au CNRS:

"Il s’agit souvent d’individus qui n’acceptent pas la « résistance » du réel, c’est-à-dire le fait que parfois la réalité s’oppose à leur désir, que parfois les autres ne répondent pas exactement à leurs demandes.
Ce qui les amène à vouloir forcer ce qui résiste, à vouloir plier ceux ou celles qui leur opposent un refus. Si l’on analyse le cas particulier des violences sexuelles envers les femmes, l’on se rend compte que les violeurs forcent leurs victimes à se plier à leurs exigences, sans prendre en compte leur refus.
Ce qui devient possible à partir du moment où l’autre n’est plus pris en compte comme autre, et qu’il n’est donc plus reconnu comme un être humain digne de respect : son « non » devient un « oui », car la seule chose qui compte est la volonté de celui qui exerce la violence. Les hommes violents sont souvent des individus qui n’arrivent pas à s’inscrire dans le monde et dans la société de façon satisfaisante : à la base de leur violence il y a une crise existentielle profonde qui les pousse à considérer les autres, et notamment les femmes, comme « rien », peut-être aussi parce qu’eux-mêmes n’arrivent pas à donner beaucoup de valeur à leur vie, et n’arrivent pas non plus à obtenir une considération adéquate de la part des autres (et notamment des femmes).
La violence, de ce point de vue, apparaît comme le seul recours possible, comme le seul moyen pour s’imposer, en montrant ainsi à la société qu’il y a au moins les victimes de leur violence qui ont dû se plier à leur volonté et leur puissance."

lundi 7 avril 2008

Pendant ce temps au Bangladesh

"Je voudrais vous raconter l’histoire de Yasmin, une jeune fille de 15 ans. Employée comme domestique, elle a été violée par son employeur. Elle s’est enfuie. Tandis qu’elle regagnait à pied la maison de ses parents, elle a été vue par des policiers. Ils lui dirent qu’il n’était guère prudent pour une jeune fille de marcher dans les rues en pleine nuit et lui proposèrent de la ramener chez elle dans leur fourgonnette. Et que s’est-il passé ?

Après l’avoir violée, les six policiers l’ont tuée, puis ils ont jeté son corps dans des buissons. Quand la nouvelle de son meurtre a été connue, les villageois ont manifesté contre la police. Les policiers ont tiré dans la foule, sept personnes ont été tuées.

Dès le lendemain, le gouvernement déclarait dans un communiqué que Yasmin était une mauvaise fille, une prostituée, et que les policiers étaient parfaitement en droit de la traiter comme ils l’avaient fait. Ce genre d’histoire n’est pas rare, au Bangladesh. Et je sais que des choses semblables se produisent également dans d’autres pays."


extrait d'un discours de Taslima Nasreen

dimanche 6 avril 2008

Pétition pour une Loi-Cadre contre la violence faite aux femmes

France, 2008. Une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Tout le monde se désole. Mais disposons-nous vraiment de toutes les mesures nécessaires pour combattre les violences faites aux femmes ? Toutes les violences faites aux femmes.

Pourquoi la loi ne prend-elle pas en compte la prévention des violences faites aux femmes et laisse chacun-e se débrouiller dans son coin ?

Pourquoi les violences psychologiques sont-elles reconnues au travail sous le nom de harcèlement moral et non pas dans le couple ?

Pourquoi la solidarité nationale ne se décline-t-elle pas financièrement auprès des victimes les plus démunies ?

Pourquoi une femme qui se sent menacée ne peut-elle bénéficier d’une protection urgente ?

Pourquoi sont-elles si peu à porter plainte ( 8% des femmes de 20 à 59 ans victimes de viol*) ?

Il est temps que la France adopte un ensemble de mesures intégrées et globales pour combattre ce fléau social, comme l’ont fait l’Espagne et la Suède.

Le Collectif national pour les droits des Femmes, soutenu par d’autres associations féministes, a rédigé une proposition de loi-cadre pour combattre ces violences, qui a été déposée sur le bureau de l’Assemblée par le Groupe de la gauche démocratique et républicaine.

Pour signer la pétition cliquer ICI



* Chiffes de l'enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff).