Voici la réponse de Michela Marzano, philosophe, chercheuse au CNRS:
"Il s’agit souvent d’individus qui n’acceptent pas la « résistance » du réel, c’est-à-dire le fait que parfois la réalité s’oppose à leur désir, que parfois les autres ne répondent pas exactement à leurs demandes.
Ce qui les amène à vouloir forcer ce qui résiste, à vouloir plier ceux ou celles qui leur opposent un refus. Si l’on analyse le cas particulier des violences sexuelles envers les femmes, l’on se rend compte que les violeurs forcent leurs victimes à se plier à leurs exigences, sans prendre en compte leur refus.
Ce qui devient possible à partir du moment où l’autre n’est plus pris en compte comme autre, et qu’il n’est donc plus reconnu comme un être humain digne de respect : son « non » devient un « oui », car la seule chose qui compte est la volonté de celui qui exerce la violence. Les hommes violents sont souvent des individus qui n’arrivent pas à s’inscrire dans le monde et dans la société de façon satisfaisante : à la base de leur violence il y a une crise existentielle profonde qui les pousse à considérer les autres, et notamment les femmes, comme « rien », peut-être aussi parce qu’eux-mêmes n’arrivent pas à donner beaucoup de valeur à leur vie, et n’arrivent pas non plus à obtenir une considération adéquate de la part des autres (et notamment des femmes).
La violence, de ce point de vue, apparaît comme le seul recours possible, comme le seul moyen pour s’imposer, en montrant ainsi à la société qu’il y a au moins les victimes de leur violence qui ont dû se plier à leur volonté et leur puissance."
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