lundi 15 décembre 2008

Pendant ce temps au bangladesh

La Dr Humayra Abedin, retenue prisonnière par ses parents et internée de force dans un hôpital psychiatrique vient d'être libérée de leur tutelle par le tribunal de Dhaka (Bangladesh).

Dr Humayra Abedin

Cette jeune femme de 33 ans, médecin, exerçait son métier depuis six ans dans l'est de Londres. Le 2 août dernier, elle part au Bangladesh rejoindre sa mère qu'elle pensait gravement malade comme lui avaient affirmé ses proches. Elle devait rester trois jours.


Des son arrivée, sa famille lui confisque son passeport, ses papiers, son billet d'avion retour et l'enferme à la maison dans l'espoir de la marier de force.
Quand ses amis ne la revoient pas revenir comme prévu à Londres, ils s'inquiètent et cherchent à joindre la jeune femme. Finalement Humayra arrive à communiquer par mail avec ses amis et les informe de sa situation. Ils vont lancer une procédure et lui trouver une avocate.


Convoqués par le tribunal familial de Dakha et fatigués des questions de la police, les parents de Humayra vont l'interner de force dans un hôpital psychiatrique pour l'empêcher de plaider sa cause.
Sara Hossein, l'avocate d'Humayra a réussi à convaincre le tribunal d'obliger les parents à faire sortir leur fille de l'hôpital, à lui rendre ses papiers et son billet d'avion afin qu'elle puisse rentrer en Angleterre.


Les parents extrêmement déçus ont pleuré à l’annonce du jugement et ont mis plus de quatre heures avant de se résigner à faire sortir leur fille.


La Grande Bretagne a recensé plus de 1300 cas de ce type depuis le début de l’année. Généralement les familles impliquées sont originaires de l’Inde, du Pakistan ou comme dans ce cas du Bangladesh.
Source: BBC One

samedi 13 décembre 2008

En rire ou en pleurer?

Phrase entendue ce matin dans le metro, prononcée par un jeune homme qui ne supportait pas de voir un couple d'homme en face de lui:




"Beurk, les homos c'est vraiment tous des PD."






En même temps, ca me donne une bonne excuse pour mettre la jolie photo du monsieur en illustration. Pourquoi un marin? parce que j'ai la chanson "In the Navy" des Village People dans la tête depuis ce matin.



vendredi 12 décembre 2008

Le misogyne du mois de décembre 2008

Dans quelques jours nous allons fêter Noël, nous sommes aussi dans une année jubilaire œcuménique particulière, (tu n'as pas compris ce qu‘ "année jubilaire œcuménique" veut dire, va sur ce site), il me semblait presque naturel de nommer aujourd'hui un des Pères de L'Église pour le titre de misogyne du mois de décembre 2008: Saül de Tarse dit Saint Paul (10-65).


Il faut se rendre à l'évidence, l’Église n'a jamais beaucoup aimé les femmes, pourtant j'ai beau lire et relire les évangiles, je ne peux que constater une chose: Jésus respectait les femmes autant que les hommes et s'adressait à elles comme à n'importe qui. Elles sont nombreuses dans les assemblées où Jésus prêchait la bonne nouvelle, elles l'accompagnent dans ses déplacements et sont les seules présentes parmi ses fidèles le jour de sa crucifixion et de son agonie. C'est encore à des femmes qu'il est apparu le premier à la porte de son tombeau et c'est à elles à qui il demande d'annoncer sa résurrection.


Non vraiment il n'y a rien dans le témoignage de la vie de Jésus qui peut justifier la place à part qu'attribue l'Église à la femme.
Il n'y a que par la voix de certain de ses apôtres, de ses chefs et autres guides spirituels dont fait parti Saint Paul que le mépris des femmes existe.


Saint Paul est né Juif et était très actif dans sa communauté religieuse. Il mettait beaucoup de zèle à persécuter les premiers chrétiens. Ce n’est qu’après une apparition de Jésus sur le chemin qui le menait à Damas, que Saint Paul se convertit et s’auto proclamera apôtre du Christ. Il prêchera la bonne parole dans toute l’Asie mineure ainsi que chez les grecs et les romains.


Même si Saint Paul centre son enseignement sur la vie de Jésus, il en livre néanmoins une interprétation de ce qui lui semble juste, fruit de sa propre réflexion et en accord avec la doctrine de l’Ancien Testament. « Au sujet des personnes non mariées je n’ai pas d’ordre du Seigneur, mais je donne un avis, en homme qui a reçu du Seigneur la grâce d’être digne de confiance » Corinthiens, première épître v 7.25Aux autres ce n’est pas le Seigneur, c’est moi qui dis (...) » Corinthiens, première épître v 7.12.

Saint Paul va s’appuyer sur le mythe du péché originel et sur la loi en vigueur pour justifier et recommander aux nouveaux croyants de traiter différemment les femmes, de les écarter des décisions et de l‘édification de la foi. Ainsi, voici donc la place que Saint Paul réserve aux femmes,en complète contradiction avec la confiance que leur accordait Jésus:


« Comme dans toutes les églises des saints, que vos femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler, mais elles doivent se soumettre, comme le dit aussi la loi. Si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu’elles interrogent leur mari à la maison, car il est inconvenant pour une femme de parler dans l’église. »
Corinthiens, première épître v 14.34 et v 14.35


"Femmes, soumettez vous à votre mari comme au seigneur, car le mari est le chef de la femme comme le Christ est le chef de l'Église qui est son corps et dont il est le sauveur. Mais tout comme l'Église se soumet à Christ, que les femmes se soumettent en tout à leur mari"
Ephisiens, v 5.22 à v 5.24

"De même, je veux aussi que les femmes, habillées d'une manière décente, se parent avec pudeur et simplicité, non avec des tresses, de l'or, des perles ou des toilettes somptueuses, mais plutôt avec des oeuvres bonnes, comme cela convient à des femmes qui affirment honorer Dieu. Que la femme s'instruise paisiblement, dans une entière soumission. Je ne lui permets pas d'enseigner et de dominer sur l'homme, mais je lui demande de garder une attitude paisible. En effet Adam n'a pas été trompé alors que la femme, trompée, s'est rendue coupable d'une transgression."
Timothée, première épître, v 2.9 à v 2.14

"Je veux cependant que vous sachiez ceci: Christ est le chef de tout homme, l'homme est le chef de la femme et Dieu est le chef du Christ. Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte déshonore son chef. Toute femme, en revanche qui prie ou qui prophétise la tête non couverte déshonore son chef à elle. En effet, c'est exactement comme si elle était rasée. Si une femme n'a pas la tête couverte, qu'elle se tonde aussi les cheveux. Et s'il est honteux pour une femme d'avoir les cheveux tondus ou d'être rasée, qu'elle se couvre donc la tête.
L'homme n'est pas tenu de se couvrir la tête, puisqu'il est l'image et la gloire de Dieu; la femme, elle, est la gloire de l'homme. En effet ce n'est pas l'homme qui a été tiré de la femme, mais la femme qui a été tiré de l'homme et ce n'est pas l'homme qui a été crée à cause de la femme mais la femme à cause de l'homme. Voilà pourquoi, à cause des anges, la femme doit porter sur la tête une marque d'autorité"
Corinthiens, première épître, V 11.3 à v11.10

Souvent je me demande, ce qu’aurait été notre vie, sans des personnages comme Saint Paul ou autres commentateurs de la Bible qui sont capables de demander aux croyants, d’aimer son prochain comme soi même et d’expliquer des phrases fortes comme « que celui qui n’a jamais pêché jette la première pierre » et quelques lignes plus tard d’oublier ces paroles censées pour ne revenir finalement qu’à la Tradition.

mardi 18 novembre 2008

Pendant ce temps en Afghanistan

Le 12 novembre 2008, en début de matinée, quinze adolescentes ont été aspergées d'acide tandis qu'elles se rendaient au lycée de filles Mirwais-Nika, à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan.
Trois d’entre elles sont dans un état grave. Toutes portaient la burqa (la longue robe couvrant entièrement la tête et le corps) ; des hommes, circulant à moto, les auraient forcées à se dévoiler avant de leur projeter au visage de l'acide.
Même si les agresseurs se sont enfuis sans avoir été identifiés, il y a tout lieu d’attribuer cet attentat aux talibans, qui avaient interdit l'éducation des filles quand ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001. Depuis qu'ils organisent la rébellion contre le régime d’Hamid Karzaï soutenu par les Occidentaux, ils ont multiplié les violences contre les établissements scolarisant des filles. Destructions d'écoles et assassinats d'enseignants ont miné les efforts du gouvernement et de la communauté internationale pour rétablir le droit des filles à l'éducation.
Résultat : le taux d'illettrisme est de 86 % pour les Afghanes et de 57 % pour les Afghans, le taux de scolarisation des filles de 34 % dans l'enseignement primaire et de 9 % dans l'enseignement secondaire.
" On ne peut pas rester enfermé chez soi, déclare l’une des jeunes filles agressées. Il faut qu'on reçoive une éducation. »

lundi 17 novembre 2008

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #5


Partie I: à lire ici
Partie II: à lire ici
Partie III: à lire ici
Partie IV: à lire ici
Partie V: l'exécution

Sous la torture, les femmes accusées de sorcellerie avouaient les pires atrocités, il était donc presque impossible au tribunal de la Sainte Inquisition de se montrer clément. Que faire d’une femme qui dit savoir voler, copuler avec le diable, tuer des enfants, boire du sang, jeter des sorts pour accabler son village d’une épidémie? La sentence était dans 95% des cas la mort. Pour les plus chanceuses (généralement les enfants) le tribunal se contentait de les faire fouetter en public et de les bannir du village. Elles devaient tout abandonner, maison, famille et avaient l’interdiction de revenir. Si toutefois elles essayaient de braver cette interdiction, elles étaient considérées comme relapses (récidivistes) et elles étaient de nouveau arrêtées, torturées puis condamnées à mort.

L'exécution était toujours barbare et n'impliquait pas la fin des tourments pour la pauvre sorcière. Tenue en public et sous les acclamations de la foule, elle devait subir les dernières vexations. A demi nue, elle était fouettée ou tenaillée, elle devait demander pardon aux prêtres de sa paroisse et jurer de renoncer au diable. On passait ensuite à l’exécution.

Le bûcher n’était pas le moyen le plus utilisé pour exterminer les sorcières et restait assez exceptionnel. Pour être spectaculaire il nécessitait beaucoup de bois et coûtait très cher. Dans un bûcher traditionnel, seul la tête de la condamnée dépassait des morceaux de bois. Le public ne voyait rien et protestait.
Pour satisfaire les foules qui voulait voir la sorcière agonisée, on pouvait quelque fois la suspendre à un mat au dessus des flammes. Ce procédé bien que très populaire auprès du public l’était beaucoup moins auprès des autorités. Il ne permettait pas la totale crémation du corps et les autorités ne savait pas quoi faire du cadavre. Elles étaient contraintes de le rebrûler car il était strictement interdit d’inhumer ces créatures du diable dans un cimetière de la paroisse.

Dans la majorité des cas , les sorcières furent d’abord tuées par un autre moyen que le feu. Les autorités cherchaient des moyens rapides, spectaculaires et économiques. En Allemagne on attachait un sac de poudre au cou des sorcières, on les liait entre elles et on allumait le tout comme un cordon de pétard, on pouvait aussi les décapiter à la hache. En France on préférait la pendaison, on laissait les cadavres des sorcières sur la place publique pour l’édification des bons chrétiens. Parfois on les étripaient et on les clouait au gibet ou on les enterrait vivantes.

C’est seulement une fois morte qu’on se débarrassait du cadavre discrètement en le brûlant.

samedi 15 novembre 2008

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #4


Partie I: à lire ici
Partie II: à lire ici
Partie III: à lire ici
Partie IV: La torture.
Partie V: à lire ici

Maintenant que tout accable la sorcière, (l'interrogatoire et les marques du diable), le tribunal de la Sainte Inquisition attend d'elle des aveux complets, il espère aussi qu'elle donnera le nom de ses complices afin de continuer son combat acharné contre l'hérésie. Pour lui soutirer une confession complète, la sorcière va être soumise à la "question".

Normalement la torture est interdite par l'église catholique mais heureusement pour nos inquisiteurs et comme le rappelle le Malleus Maleficarum au début du livre, en 1252 le Pape Innocent IV par le biais d'un décret: la bulle Ad Extirpenda, autorise l'Inquisition a y recourir mais uniquement dans sa lutte contre l'hérésie.

La torture est une pratique réglementée, elle n'a pas pour objet de tuer les accusées et ne doit pas être répétée sauf si la sorcière se montre coriace mais pas plus de trois séances.
Néanmoins à peine 5% des torturées échappent à la peine de mort et les bourreaux savent adapter leurs méthodes à la règle. Pour éviter de demander le droit de débuter une nouvelle séance, il la prolonge en faisant des pauses, parfois de plusieurs jours. L’imagination des bourreaux pour torturer est sans limite, ils broyaient les os dans des brodequins, désarticulaient les corps par extension ou avec l’estrapade (technique qui consiste à attacher la sorcière à une corde, la hisser au plafond et la relâcher brutalement). Ils brûlaient les fesses et les organes génitaux en faisant asseoir l’accusée sur une chaise métallique portée à incandescence. Sans parler des coups, des ongles arrachés avec des tenailles, les narines remplies de chaux vive, les organes génitaux mutilés ou coupés. Les techniques diffèrent également d’un pays à l’autre en fonction des coutumes locales. En France comme en Espagne, un grand classique en méthode de torture était le supplice de l’eau; on faisait avaler deux fois neuf litres d’eau à l’accusée, en Allemagne on la jetait dans un bain d’acide.

Ces différents supplices pouvaient être infligées successivement à la même personne jusqu’à obtenir des aveux satisfaisant pour le tribunal.

Voici un extrait du récit de la torture d’Elisabeth Maderin, 1629 Cobourg (Bavière, Allemagne)
« ... on lui a brûlé des plumes soufrées sous les bras et autour du cou.... On l'a montée au plafond par les mains liées derrière le dos... Cela a duré trois ou quatre heures. On l'a laissé pendu là-haut et le maître des tortures est allé prendre son déjeuner. Et quand il est revenu, il lui a versé de l'eau-de-vie sur le dos et a allumé. Il lui a passé des poids et l'a remontée. Après cela, on lui a mis une planche non rabotée pleine d'échardes sur le dos et on l'a remonté au plafond par les mains. Ensuite, on lui a vissé les deux gros orteils et les deux pouces. On lui a mis un bâton en travers des bras, on l'a pendue ainsi et on l'a laissé environ un quart d'heure. Elle est passée d'un évanouissement à l'autre. On lui vissa les jambes à la hauteur du mollet A la troisième torture cela s'est passé plus durement, puisqu'elle a été battue avec des fouets de cuir sur les lombes, si bien que le sang a transpercé la chemise. On l'a remonté, on lui a de nouveau vissé les pouces et les gros orteils, puis on l'a laissé assise sur la sellette, tandis que le bourreau et les autres membres du tribunal sont allés déjeuner vers dix heures et jusqu'à environ une heure après midi. »

Dans ces conditions, l’accusée avoue n’importe quoi, confirme les délires de ses juges, accuse d’autres personnes qui seront à leurs tours arrêtées puis torturées. La sentence ne se fait généralement pas attendre et l’accusée est rapidement condamnée à mort.

vendredi 14 novembre 2008

Qui a dit?

« Je tiens à souligner le fait que l'introduction même de l'idée d' homophobie, tend à accréditer l'idée que le comportement homosexuel a la même valeur que d'autres comportements alors qu'il est évidemment une menace pour l'humanité, pour sa survie, tout simplement pour le respect de l'humanité, mais oui! mais évidemment! évidemment! "

???

Christian Vanneste, député UMP du nord, Ces propos ont été prononcé devant l’assemblé nationale au sujet de loi du 30 décembre 2004, réprimant les injures et discriminations homophobes au même titre que les injures et discriminations racistes ou sexistes.

M Vanneste a été condamné pour ses propos par le tribunal correctionnel de Lille en janvier 2006 à 3 000 euros d'amende et 6 000 euros de dommages-intérêts.
La cour d'appel de Douai avait confirmé cette décision un an après considérant "qu'un parlementaire est investi d'une parcelle de la souveraineté nationale" et que "sa liberté d'expression est une condition de la démocratie et de l'Etat de droit", M. Vanneste avait alors formé un pourvoi en cassation, dernier recours possible.

La chambre criminelle de la cour de cassation a "cassé" mercredi dernier la décision de la cour d'appel estimant que: « Si les propos litigieux, qui avaient été tenus dans la suite des débats et du vote de la loi du 30 décembre 2004, ont pu heurter la sensibilité de certaines personnes homosexuelles, leur contenu ne dépasse pas les limites de la liberté d'expression »

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #3

Partie I : à lire ici
Partie II : à lire ici
Partie III: le Piquage, à la recherche de la marque du diable
Partie IV: à lire ici
Partie V: à lire ici

Les marques du diable ont beaucoup d'avantage pour l'accusation. Elles sont visibles et constituent une preuve objective contre la sorcière.
Pour être reconnue comme marques du diable, ces traces doivent répondre à trois critères:

-elles doivent se voir ostensiblement sur le corps, elles peuvent être une tache de naissance, une verrue, un grain de beauté, une dartre ou autre imperfection de la peau.
-elles doivent être insensibles à la douleur, le diable qui a appliqué sa marque sur le corps de la sorcière a forcement rendu mort cet endroit.
-elles ne doivent pas ou peu saigner, puisque les chairs sont censées être mortes.

Pour rechercher ces marques, des spécialistes (souvent des médecins, des chirurgiens mais aussi des barbiers, ou tout autre personne intéressée par le gain) rasaient entièrement le corps de la sorcière et enfonçaient des aiguilles dans toutes les parties suspectes de son anatomie. La femme, nue devant un cortège d'hommes (le piqueur, ses assistants et les membres du tribunal), attachée et les yeux bandées, devait dire si elle sentait ou pas une piqûre.
La plupart du temps un "simple" cri de douleur suffisait.

En fait ils piquaient n'importe où, ils examinaient absolument toutes les régions de son corps jusque dans les parties les plus intimes, ils piquaient les seins, l'intérieur de la bouche, la vulve ou l'anus.

En 1610, Magdelaine de Demandolx, suspectée à l'origine d'être possédée a été soumise à la procédure du piquage, les spécialistes ont trouvé une marque au niveau des reins, d'autres sur les pieds et le coeur. Ils ne se sont pas arrêtés là, ils vont examinés ses parties intimes, constatés qu'ils peuvent sans grande difficulté entrer trois doigts à la fois dans son vagin et la considérer comme n'étant plus vierge alors qu'elle n'est pas mariée (ce qui sous entend qu'elle a pu avoir un rapport sexuel avec le diable et poursuivre la procédure pour l‘accuser cette fois de sorcellerie).
.
Beaucoup d'endroit pouvait se révéler insensible à la douleur, tout dépendait si le spécialiste appuyait fortement ou pas. Le piquage comme l'interrogatoire se révèlent être des épreuves facilement concluantes pour l'accusation qui a maintenant assez de charge contre l'accusée pour passer à l'étape suivante, la plus cruelle et la plus redoutée: la torture.

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #2

Partie I : à lire ici
Partie II: L’interrogatoire et les premiers signes de sorcellerie.
Partie III: à lire ici
Partie IV: à lire ici
Partie V: à lire ici




La pauvre femme qui se trouve sous le coup d’une accusation pour sorcellerie a beaucoup de soucis à se faire.
Le Malleus Maleficarum ne donne aucun élément pour vérifier l’innocence d’une personne, il ne sert qu’à trouver un moyen de prouver l’accusation. Dans le droit français du 21ème siècle, tout accusé est innocent tant qu’il n’est pas reconnu coupable; Krämer et Sprenger fonctionnent sur le même principe à la différence près qu‘ils ont des moyens irréfutables pour prouver qu‘une femme jusqu‘ici innocente est en fait une sorcière. Peu importe si l’accusée a toujours mené une vie irréprochable, s’ils arrivent à trouver chez elle un signe de sorcellerie et qu’elle ne peut pas se repentir, elle finira sur le bûcher.



La première étape de l’enquête menée contre l’accusée consiste tout simplement à lui poser une série de question pour vérifier si l’accusation qui pèse sur elle est justifiée. Les juges vont se faire une idée de son potentiel et décident s’il est juste ou non de continuer la procédure. C’est une étape capitale pour l’accusée, sa seule chance de prouver son innocence. Si elle échoue ou qu’elle répond mal aux questions qu’on lui pose, elle est déjà condamnée; les étapes suivantes se limitant à une série de tortures de plus en plus cruelles, elle sera obligée d’avouer et plus rien ne pourra décider les juges à revenir en arrière.



Grâce aux judicieux conseils du Malleus Maleficarum, l’interrogatoire est en fait une simple formalité pour les inquisiteurs. Formés à débusquer les moindres signes de sorcellerie, chaque attitude adoptée par l’accusée chaque réponse donnée peuvent être perçues comme une preuve de sorcellerie. Si la femme pleure, c’est qu’elle à quelque chose à se reprocher, si au contraire elle ne pleure pas et qu’elle se réfugie dans le silence, c’est sur le conseil du diable, son complice, qui se croit ainsi plus malin que les juges.



L’accusée, le plus souvent ignorante et comprenant mal ce qui se passe, tombe facilement dans le piège. Les questions qu’on lui pose sont ambiguës et amènent toujours une mauvaise réponse. On pouvait lui demander par exemple si elle croyait aux sorciers. Si elle répondait non, c’est qu’elle ne croyait pas au diable ce qui est contraire aux saintes écritures, si elle répondait oui, on lui demandait quel sorcier elle connaissait et d’où lui venait ce savoir. Si un de ses voisins était mort d’une maladie, on lui demandait si elle avait eu de l’affection pour lui, si elle répond non, c’est qu’elle est peut être responsable de sa mort, si elle répond oui, elle est accusée d’avoir voulu commettre l’adultère. Le simple fait d’utiliser une plante comme ingrédient dans une soupe pouvait être interprété comme un aveu de la femme à préparer des potions maléfiques.



Pour échapper au procès, il fallait surtout être chanceuse.



Mais les soupçons qui pèsent sur l’accusée, ne suffisent pas à la juger pour sorcellerie. Il faut aux juges de la Sainte Inquisition d’autres preuves qui ne se basent pas uniquement sur leur savoir faire. Ils fouillaient son domicile, à la recherche d’ustensiles type de la sorcière, chaudron, flacon contenant des huiles ou des graisses, plantes, animaux suspects (morts ou vivants) ou n’importe quoi de bizarre sur lesquels ils finissaient toujours par tomber. Ils soumettaient aussi l’accusée à divers épreuves. Les plus communes étaient la pesé ou les bains, imaginées sur l’idée la plus répandue que les sorcières devaient être légères. Étant les complices du diable, on les associait au feu qui est un élément plus léger que la terre. Lors de la pesée, si son poids ne correspondait pas à sa corpulence selon un barème que les juges établissaient et si la femme se révélait être plus légère que ce qu’elle devrait peser, il tenait alors une preuve évidente de sorcellerie. Dans le cas des bains on liait les mains et les pieds de la « sorcière » et on la jetait dans l’eau, si elle coulait à pic et restait au fond, l’épreuve avait échouer mais si elle flottait, elle était perdue.



L’inconvénient de ces pratiques est qu’elles se révèlent incertaines et ne vont pas souvent dans le sens de l’accusation. Il est difficile de se convaincre de l’innocence de l’accusée sur la base de la pesée ou du bain ( on oubliait d’ailleurs souvent d’aller chercher les femmes qu’on avait jeté dans l’eau ou on avait tout simplement peur de le faire, craignant une réaction de la sorcière). Les sorcières ont assez de pouvoir pour truquer les épreuves. Même si ces femmes réussissaient ces tests, elles n’étaient pour autant innocentées.



Heureusement pour les valeureux juges de la Sainte Inquisition, le Malleus Maleficarum est une source inépuisable de renseignements sur la sorcière.
Il existe chez ces femmes un signe distinctif qui permet sans aucun doute de l’identifier comme telle. Une marque qu’ils appellent sobrement la marque du diable et qui vont s’employer à rechercher sur toutes les malheureuses présumées sorcières.

mercredi 12 novembre 2008

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #1

Partie I: Identifier et accuser la sorcière
Partie II : à lire ici
Partie III: à lire ici
Partie IV: à lire ici

Partie V: à lire ici




"Car où est la femme, là se trouve le péché; où est le péché, là se trouve le Diable; et où est le Diable, là se trouve l'enfer" Saint Lugidus justifiant son voeux de chasteté.




"tu ne laisseras pas vivre la magicienne" Exode 22 v 17 in nouvelle traduction de la Bible, édition société biblique de Genève, décembre 2007


Le Malleus Maleficarum (le marteau des sorcières) écrit en 1487 par deux inquisiteurs dominicains, Heinrich Krämer et Jakob Sprenger, est un livre destiné au combat contre une nouvelle forme d'hérésie, une alliance faite entre le diable et des puissances maléfiques: les femmes.


Ils vont y consigner leurs années d’expérience d’inquisiteur, les témoignages recueillis, les aveux des sorcières rencontrées qui vont leur permettre d’affirmer qu’elles existent bien réellement qu’elles sont capables des plus grands sortilèges ( pluies, vents, grêles, insectes pour détruire les récoltes et les troupeaux, fabrication de poison, envoûtement) qu’elles massacrent des enfants, boivent le sang de ses victimes, les font cuire dans un chaudron etc... et bien sur forniquent avec le diable.



Ce livre va servir de manuel d’instruction criminelle aux juges de la Sainte Inquisition, les auteurs expliquent toutes les ficelles du métier d’inquisiteur et les meilleures techniques pour reconnaître et avoir les aveux de la sorcière.
C’est le premier livre de l’Histoire à avoir été édité en poche, pour permettre aux inquisiteurs de l’avoir à disposition à n’importe quel moment et d’être surs du jugement qu’ils ordonnent.
C’est aussi un des premiers « best-seller », 30 000 exemplaires vendus en quelques années, neuf rééditions avant la fin du siècle.



Krämer et Springer accusent les femmes, toutes les femmes, d’être par nature enclines à la sorcellerie, à l’infidélité, à la luxure, de croire mal ou peu en Dieu, d’être faibles et corruptibles. Ils pensent qu’elles ont le pouvoir d’émasculer les hommes avec qui elles copulent et de collectionner leurs sexes qui par l’effet d’un sortilège continueront de gigoter comme des vers longtemps après.



C’est ce livre qui justifia les tortures et le massacre des femmes pendant la période la plus cruelle de l’inquisition (entre 1450 et 1650). Il est impossible de donner un bilan exact sur le nombre des victimes, faute de documents précis. Les chiffres ne peuvent pas non plus prendre en compte les exécutions sommaires. Mais on peut affirmer grâce aux archives restantes que sur 100 000 accusations de sorcellerie relevées à cette période en Europe occidentale, 50 000 personnes furent exécutées dont 40 000 étaient des femmes.



Les accusations de sorcellerie se fondent sur tout et n’importe quoi, sur des commérages, une rumeur, on soupçonne les sages femmes quand le bébé ne survit pas, on soupçonne les femmes trop belles ou trop laides ou trop vieilles pour l’époque, quand elles ne vont pas assez à l’église ou quand elles y vont trop, quand elles manifestent des signes d'intelligence, inhabituels pour son sexe, on pense aussi facilement aux veuves, car comment font elles pour se satisfaire sexuellement? Toutes les femmes sont sur la sellette. Il suffit bien souvent d'un petit rien pour se voir denoncer à la Sainte Inquisition (jalousie, rancoeur, une personne du village qui tombe subitement malade et la psychose s'installe...).


Une femme qui a été dénoncée puis arrêtée pour sorcellerie va devoir subir un véritable calvaire. Le Malleus Maleficarum détaille la procédure d'accusation en trois étapes:

- Une série de question pour vérifier si l'accusation de sorcellerie est fondée, si l'accusée échoue à l'interrogatoire, c'est à dire, si ses accusateurs pensent qu'elle a le potentiel d'une sorcière ou qu'elle ne peut pas prouver son innoncence, ils passent à l'étape suivante.

-La recherche de preuves contre la sorcière, une marque significative prouvant son lien avec le démon, une manifestation publique de son pouvoir diabolique. S'ils arrivent à trouver une preuve valide contre elle, ils passent à la dernière partie de la procédure.

-la torture, seul moyen disponible et efficace pour avoir les aveux de la sorcière.

lundi 10 novembre 2008

Pendant ce temps en Somalie

A la mémoire de Aisha Ibrahim Dhuhulow,13 ans, morte par lapidation le 27 octobre dernier en Somalie, accusée d'adultère alors qu'elle a été violée. Voici l'article publié sur le site Centre d'Actualité de l'ONU

"4 novembre 2008 – Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a déploré mardi la lapidation la semaine dernière d'une jeune Somalienne de 13 ans accusée d'adultère alors qu'elle avait été victime d'un viol.

Aisha Duhulow a été lapidée le 27 octobre dans un stade rempli de spectateurs à Kismayo après avoir été jugée coupable d'adultère. Des informations indiquent toutefois qu'elle avait été violée par trois hommes alors qu'elle se rendait à pied chez sa grand-mère dans la capitale Mogadiscio. Après l'attaque, elle avait cherché protection auprès des autorités qui l'avaient alors accusée d'adultère et condamnée à mort.


« C'est un événement tragique et déplorable », a déclaré le représentant de l'UNICEF pour la Somalie, Christian Balslev-Olesen. « Un enfant a été persécuté deux fois. La première par les auteurs du viol, et ensuite par ceux qui sont responsables d'administrer la justice ».

Cette lapidation souligne l'extrême vulnérabilité des filles et des femmes en Somalie, pour qui la violence et la discrimination sont plus intenses en raison d'un conflit chronique et de déplacements de populations. La violence à l'encontre des femmes est commune en Somalie et la vulnérabilité des filles et des femmes est souvent exacerbée par les inégalités entre hommes et femmes dans l'accès aux services sociaux.

« Les autorités et les institutions de la société civile ont un rôle à jouer pour soutenir et protéger les droits de chaque enfant », a dit M. Balslev-Olesen. « Toutefois, cet incident montre combien il reste à faire pour protéger les droits des filles et des femmes en Somalie ». "


information relayée par Gimmeshoes

dimanche 9 novembre 2008

Ras le bol

J'adore mon métier. Je suis libraire et hormis écrire, je ne vois pas ce que j'aurais envie de faire d'autre...

Seulement, quelque fois, j'ai en main des livres que je ne supporte pas vendre, (Zemmour, Soral, Schopenhauer, entre autres évidemment), mais parfois j'ai ça aussi:




Quoi de plus sympathique pour commencer sa journée que de constater que la célèbre collection de livre informatique au nom si évocateur, s'est dite un beau matin qu'il fallait bien un livre spécial pour expliquer à ces courges que sont les femmes comment on allume un ordinateur, comment on branche une imprimante et comment on se connecte à Internet...


Cet éditeur avait pourtant une multitude de titre dans cette collection qui se proposait déjà d'expliquer au moins érudit d'entre nous comment s'en sortir avec cette machine infernale qu'est un ordinateur, il faut croire que sa géniale équipe s'est dite que ce n'était pas assez simple pour les pauvres femmes qui ont plus l'habitude de manier un aspirateur qu'un ordinateur!


On peut toujours compter sur la vénalité de certain éditeur pour avoir une image précise des stéréotypes toujours en vigueur en 2008, car quand un livre est édité spécialement pour expliquer aux hommes comment faire une chose qu'ils n'ont pas l'habitude de faire, qui n'est pas son domaine d'activité généralement réservé au sexe opposé, devinez de quoi parle ce livre???



Vous ne voyez pas:






Bah de cuisine... mais pas celle des chef.fes, celle de tous les jours, celle que font les femmes pendant que monsieur est devant son ordinateur...

Vive le sexisme ordinaire.



samedi 8 novembre 2008

L'homme est une femme comme les autres



Genèse 2.21: Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme , qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place.
Genèse 2.22: L'Éternel Dieu forma une femme à partir de la côte qu'il avait prise à l'homme et il l'amena vers l'homme.



Quand j'étais au CE2, j'avais un petit camarade du nom de Benjamin Tissandier. Il aimait comme moi rester de temps en temps dans la classe pendant la recréation pour feuilleter le vieux dictionnaire Larousse qui traînait là.
Mais pas pour les même raison, je regardais les planches sur le système solaire, lui préférait celles sur l'anatomie de l'être humain, et plus particulièrement l'anatomie féminine.
Un jour il m'a montré les seins de la dame et m'a expliqué que c'est par les tétons que sortait le lait que les femmes font pour nourrir les bébés , un peu comme une vache avec son petit, il a ajouté.


Mais Benjamin m'avait déjà raconté que son chat écrasé la veille par une voiture avait ressuscité du paradis des animaux pour revenir dans sa chambre. Alors je l'ai pas cru.


Je lui ai tout simplement dit: Bah toi aussi alors, sinon pourquoi t'aurais des tétons comme la dame!!!


Et là Benjamin, il a rien trouvé à rajouter.


Depuis j'ai grandit, j'ai perdu Benjamin de vu et j'ai assimilé le principe de l'allaitement comme étant une des particularités de mon sexe , mais une question se pose toujours: si les mamelons n'existent que pour permettre au lait maternel de passer alors pourquoi les hommes ont des tétons?


Physiologiquement, les mamelons ne leur sert à rien, ou presque, certains sont sensibles des tétons et les considèrent comme une zone érogène à stimuler. Mais ce n'est pas le cas de tous les hommes, ce n'est donc pas sa fonction première, c'est juste un bonus pour les petits veinards qui ont développé une sensibilité à cet endroit.


Esthétiquement, un homme sans tétons paraîtrait bizarre, incomplet mais c'est parce qu'on est trop habitué à les voir avec, la nature ne leur à pas donner des tétons pour faire joli! Ce n'est pas dans ses habitudes.


Au stade embryonnaire (cette période dure environ 8 semaines après la fécondation chez l'humain) les foetus en devenir se ressemblent quel que soit le sexe et sont établis selon le même plan:
-Durant le premier mois, le coeur, la moelle épinière et le cerveau sont formés, ainsi qu'une petite queue qui lui donne une apparence reptilienne.


-Durant le second mois, les membres extérieurs commencent à apparaître, le visage se dessine et les organes sexuelles évoluent vers des organes sexuels féminins. C'est à ce moment que les mamelons sont "programmés".

-Ce n'est qu'au début du troisième mois, sous l'influence de la testostérone que les organes sexuels féminins vont se différencier en organes sexuels masculin. Le pénis se développera sur la base du clitoris, les deux grandes lèvres vont se souder d'où la présence plus tard de la petite "couture" que l'on voit sous le scrotum (petit sac qui contient des testicules).


Le temps de quelques semaines, chaque individu était à la base une femelle, à un moment où l'essentiel (le cerveau, le coeur, la colonne vertébrale etc...) de l'humain en devenir était déjà défini.


La distinction du sexe n'est qu'un épisode anodin dans la construction de l'être humain, elle devrait l'être également dans notre façon d'appréhender les autres.

dimanche 2 novembre 2008

Le misogyne du mois de novembre 2008

Pierre Joseph Proudhon

Pierre Joseph Proudhon (1809-1865), figure de l'anarchisme français, célèbre pour ses phrases comme : "La propriété c'est du vol!" ou "l'anarchisme c'est l'ordre sans le pouvoir", a passé sa vie à défendre les libertés individuelles et à imaginer un nouvel ordre social plus juste... essentiellement pour les hommes.


Il avait une idée précise de la place de la femme dans sa nouvelle société qu'il détaille dans son livre De La Justice Dans La Révolution (1858) et dans Pornocratie Ou Les Femmes Dans Les Sociétés Modernes (1875, oeuvre posthume) dont voici un passage: " Je dis que le règne de la femme est dans la famille; que la sphère de son rayonnement est le domicile conjugal; que c'est ainsi que l'homme, en qui la femme doit aimer, non la beauté, mais la force, développera sa dignité, son individualité, son caractère, son héroïsme et sa justice (...)".


La question de la femme intéresse surtout Proudhon dans l'organisation du couple, la confinant dés le départ dans la sphère privé du foyer. "Quant aux choses du dehors" comme il les nomme, la politique, les fonctions judiciaires, policières, gouvernementales (etc), il ne les veux pas pour la femme parce qu'elle ne sied pas à sa beauté.


Il considère que l'homme a une prédominance sur la force et la femme sur la beauté (on peut se demander en quoi ces deux critères sont important dans l'organisation de sa nouvelle société plus libre et plus juste envers la population) et qu'à ce titre ils peuvent être équivalent mais pas égaux, "l'infériorité de cette dernière était par conséquent irrémédiable".
Dans sa vision, l'homme est "un législateur, père de famille, philosophe, économiste, moraliste" et la femme "une créature raisonnable et morale, compagne de l'homme."


Les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas pour lui uniquement d'ordre génital lié à la reproduction ou simplement physique; les femmes n'ont pas les même facultés intellectuelles ou morales que les hommes. La nature l'a doté d'un cerveau plus petit, elle en est forcement plus bête, moins apte à la réflexion. (on se souviendra qu'en 1849, Samuel Morton "scientifique" américain avait entrepris de classer les "races" humaines en fonction du volume du crâne pour justifier la condition inférieure des populations noires) . "Elle (la femme) ne deviendra jamais un esprit fort. (...) La nature, comme je l'ai dit, l'a enchaînée, dans son développement même, à la beauté; c'est sa destination, c'est, pour ainsi dire, son état".


Selon lui, "toute déviation de l'être engendre maladie ou difformité. (...) Une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon;".

Bref, Pierre Joseph Proudhon était bien un homme de son temps, anarchiste et socialiste parce qu'il était né du côté des pauvres, un "militant" pour échapper à sa condition, aussi violent et réactionnaire que ses ennemis mais tout simplement pas du même côté. A son palmarès on ajoutera également celui d'antisémite; il voyait les juifs comme "l'ennemi du genre humain" qu'il fallait exterminer "par le fer ou par le feu" et se faisait de cette haine, une profession de foi politique.

Il ne déméritera pas du titre de Misogyne du mois de novembre 2008

Citation

"Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson."

Rebecca West (21 décembre 1892-15 mars 1983, journaliste et écrivaine)

vendredi 31 octobre 2008

Le livre du mois d'octobre 2008

Les Sept Filles d'Eve, génétique et histoire de nos origines de Bryan Sykes

Quand Bryan Sykes et son équipe sont parvenus a daté le corps de L'Homme des glaces découvert en 1991 dans les Alpes Italiennes, ils n'ont pas seulement réussi l'exploit d'extraire de l'ADN vieux de 5000 ans des os de ce pauvre homme congelé, ils ont eu aussi la brillante idée de la comparer avec de l'ADN d'une de nos contemporaines.
Ils vont trouver un patrimoine génétique commun entre l'inconnu mort dans les Alpes et une écossaise, preuve qu'ils ont eu par le passé une parente en commun.

L'intuition de Bryan Sykes est qu'il pourra faire de même avec les populations vivantes, retracer les liens de parenté qui nous unissent, prouver que notre patrimoine génétique tire sa source d'un individu ayant vécu il y a -150 000 ans sur le continent Africain et expliquer l' évolution et les migrations des populations à partir de ce continent, mettant ainsi à mal les théories régionalistes qui niaient nos origines communes et supposaient que chaque population s'était développée distinctement des autres.

Il arrivera également à prouver que l'homme de Neandertal est bien issu d'une espèce différente de la notre qui s'est depuis éteinte.

Les recherches de Bryan Sykes repose sur l'ADN mitochondriale, présente dans le cytoplasme de la cellule (contrairement à l'ADN qui se trouve dans le noyau), elle ne contient aucune séquence répétée, ne subit que très peu de mutation et est uniquement transmise par la mère.
Il distinguera sept femmes, toutes à l'origine de la quasi totalité des populations d' Europe à qui il donnera les noms suivant: Ursula, Xénia, Héléna, Velda, Tara, Katerine et Jasmine.

Ursula est née il y a quarante cinq mille ans au pied de l'actuel Parnasse, non loin de l'antique site de Delphes. Elle est l'ancêtre directe d'environ 11% des Européens modernes. Si sa descendance est présente dans l'Europe entière, elle est particulièrement bien représentée dans l'ouest de la Grande Bretagne et en Scandinavie.

Xénia a vécu il y a vingt-cinq mille ans dans ce qui était à l'époque les grandes plaines de l'Europe centrale. Elle est la mère de 6% des Européens modernes (et 1% des amérindiens). On retrouve ses descendants encore largement confinés en Europe de l'est et d'autres en France ou en Grande Bretagne.

Héléna est née il y a vingt mille ans, à l'époque la plus rigoureuse du dernier Âge glaciaire. Ses descendants se sont implantés dans toutes l'Europe puisqu'elle est la mère de 47% des Européens modernes.

Velda a vécu il y a dix-sept mille ans dans le nord de l'Espagne, dans les monts Cantabriques, à quelques kilomètres derrière l'actuel port de Santander. Aujourd'hui 5% des européens appartiennent à sa descendance, plus nombreux en Europe de l'est qu'à l'ouest. On retrouve certain de ses héritiers à l'extrême pointe de la Scandinavie parmi les Saami, en Finlande et dans le Nord de la Norvège.

Tara a sensiblement vécu à la même époque que Velda, il y a dix-sept mille ans, dans les collines de Toscane au nord ouest de l'Italie. Elle est à l'origine de 9% des Européens, la plupart concentré autour de la méditerranée et dans l'ouest de l'Europe. Ils sont aussi particulièrement nombreux dans l'ouest de la Grande Bretagne et en Irlande.

Katerine est née il y a quinze mille ans au alentour de Venise, à l'époque où la mer adriatique était à plus de cent cinquante kilomètres de là. Sa descendance représente 6% des Européens et sont concentrés au nord de l'Italie et autour de la méditerranée.

Jasmine est née il y a treize mille ans dans l'actuelle Syrie, à mille cinq cent mètres de l'Euphrate. Un peu moins de 17% des Européens sont ses descendants. A la différence des six autres, les descendants de Jasmine ne sont pas également répartis à travers l'Europe. Une branche suit la côte méditerranéenne jusqu'à l'Espagne et au Portugal et jusqu'à l'ouest de la Grande Bretagne. Elle est particulièrement répandue dans les Cornouailles, le pays de Galles et l'ouest de l'Écosse. Une autre branche est présente en Europe centrale et dans les plaines de l'Europe du Nord.

Cette démarche a été appliquée au reste du monde et vingt six autres clans ont pu être identifié. Tous les clans convergent vers une seule aïeule d'origine Africaine, baptisée "Ève mitochondriale". Elle est l'ancêtre maternelle de toutes les ancêtres maternelles de chacun des sept milliards d'habitants de la planète.

Cette découverte prive l'idée même de race de toute base biologique. Nous sommes tous le fruit d'un brassage, nous sommes tous apparentés. Chaque gène par un voyage différent, nous ramène tous à un ancêtre commun.

mercredi 29 octobre 2008

Aurais-tu préféré que ce soit justement?*


"Un esprit noble "engrandit" le plus petit des Hommes" Jebediah Springfield**


L'Histoire compte beaucoup de martyrs, de kamikazes plus ou moins conscients de leurs sorts et d'un nombre considérable de personnes mortes ou emprisonnées pour une idéologie, une nation ou une religion.

Mais certaines d'entre elles sont remarquables pour ne pas s'être dérobées à leurs condamnations à mort alors qu'elles en avaient l'occasion et d'être restées loyales jusqu'au bout à leur principe. C'est le cas de Marie Gouze dite Olympe De Gouges.

Quasiment inconnue des livres d'Histoire et des programmes de littérature, Olympe de Gouges était pourtant une grande figure de la révolution française dont le combat politique et humaniste a été tragiquement interrompue par le couperet de la guillotine le 3 novembre 1793.

Sa vie est assez originale, née à Montauban dans une région où on parlait encore à l'époque un mélange de vieux français et d'occitan, elle savait dans sa jeunesse à peine lire et écrire. Elle deviendra néanmoins une grande femme de lettres, auteure de dix sept pièces de théâtre et de plus d'une cinquantaine d'écrits politiques. Consciente de son peu de disposition à l'écriture, elle préférait dicter ses pensées à un secrétaire et était capable de concevoir et de terminer une pièce en une nuit.

Avant-gardiste dans ses choix de vie, elle s'est retrouvée veuve à dix huit ans et refusa de s'enfermer dans une vie domestique et de se remarier.
Souvent perçue ou réduite à une simple courtisane, elle fut pourtant la première de son temps à militer pour l'abolition de l'esclavage (réflexion sur les hommes noirs, 1788) et pour le droit des femmes (déclaration des droits de la femme et de la citoyenne 1791). Honnête et spontanée elle a systématiquement assumée et revendiquée ses idées y compris dans les moments où elles n’étaient pas bien vues.

Ainsi en 1792, elle se propose de défendre Louis XVI lors de son procès, considérant que « le sang même des coupables, versé avec cruauté et profusion souille éternellement les Révolutions ». Sa candidature est bien sure rejetée et attire sur elle le mépris des révolutionnaires.

En 1793, la révolution prend un nouveau tournant, plus radical envers ses opposants et beaucoup d'amis d'Olympe de Gouges se font arrêtés. Elle décide de contre attaquer en publiant les Trois Urnes, (pamphlet où elle dénonce la dictature et le régime de Terreur que Robespierre met en place) non sans avoir écrit avant son testament politique où elle annonce: « j’ai tout prévu, je sais que ma mort est inévitable ». Elle est effectivement arrêtée et incarcérée le 20 juillet de la même année à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés puis à la prison du Chemin Vert où la liberté offerte à ses occupants leurs laissaient la possibilité de s’évader. Elle écrit d’ailleurs à ce sujet à son fils: « j’ai été libre comme chez moi. J’aurais pu m’évader; mes ennemis et mes bourreaux ne l’ignorent pas. Mais convaincue que toute la malveillance réunie pour me perdre ne pourrait parvenir à me reprocher une seule démarche contre la Révolution, j’ai moi-même demandé mon jugement ».

Le tribunal révolutionnaire va la condamner à mort, pour avoir été trop proche des Girondins et d’être une femme qui s’occupe de politique.
Ils vont se servir de son exécution pour prévenir les autres femmes qui pouvaient avoir quelques ambitions de rester à « leur » place. Dans un journal, La Feuille du Salut Public du 17 novembre 1793, ils préviennent: « Olympe de Gouges, née avec une imagination exaltée, prit son délire pour une inspiration de la nature. Elle commença par déraisonner et finit par adopter le projet des perfides qui voulaient diviser la France: elle voulût être homme d’état et il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe »

Le jour de son exécution, Olympe de Gouges a prononcé ces dernières paroles: « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort » témoignage de sa foi inouï en l’être humain, convaincue de la légitimité de son combat et de sa victoire prochaine.

Il est triste de constater que la pauvre Marie-Olympe de Gouges est loin très loin d’être « vengée ».

* phrase de Socrate à Xanthippe qui n'acceptait pas la condamnation à mort de Socrate
* *Le vrai faux héro, 16ème épisode de la saison 7 des Simpson

lundi 27 octobre 2008

t'es toujours vivante non?

Voici des chiffres un peu vieux puisqu'ils datent de 1996 (mais je n'en ai pas trouvé de plus récent) sur le nombre de plaintes pour viol dans notre si beau pays:

Selon les statistiques du ministère de l'intérieur sur 7191 plaintes pour viol, il y a eu 1238 condamnations, soit 17,2%. Ce qui veut dire que 83,8 % des plaintes n'ont pas été suivies de condamnation.

Dans 83,8% des cas, le ou les agresseur(s) s'en sont sortis sans avoir à répondre de leurs actes.
Bien sur on peut considérer que sur ces 7191 plaintes, certaines ne devaient pas être justifiées, mais 83,8% me semble un chiffre assez irréel pour que cette explication suffise.


Si on prend en compte que seul 1 viol sur 4 fait l'objet d'une plainte (selon les actes des Assisses nationales contre les violences envers les femmes, 2001), on arrive à peine à prendre la mesure du nombre d'agresseurs qui s'en sortent, sans se soucier de leur crime, libre et confiant.


Quand j'ai voulu porter plainte pour harcèlement, menaces de mort et agression physique légère contre mon ex, le policier m'a gentiment confié qu'il valait mieux renoncer, que la plainte serait sûrement classée sans suite (ce qui a d'ailleurs été le cas) ou n'aboutirait pas à un condamnation et que cela risquerait de donner à mon psychopathe d'ex un sentiment d'impunité qui ne pourrait que l'encourager à recommencer.


Selon lui, mieux valait le menacer de porter plainte mais de ne pas le faire vraiment, car il n'y a rien de plus encourageant qu'une plainte qui ne sert à rien. Si la justice ne peut rien faire pour toi, autant ne pas faire appel à elle.


J'avais néanmoins les moyens de prouver mes dires (sms, témoins auxquels il faut ajouter les antécédents du psychopathe en question) je ne me suis pas présentée avec ma seule parole.
Pour que la justice se bouge m'a t-il dit, il faut que l'affaire soit grave (comme mourir dans d'affreuses souffrances ou être assez riche pour se payer un bon avocat). Autant dire que mes anciennes histoires de "fesses" (dixit le policier) n'étaient pas assez importante pour motiver le procureur de la république à poursuivre mon agresseur.

Si on considère les paroles de ce policier et les chiffres du ministère de l'intérieur, il faut croire que cela doit souvent être le cas pour les affaires de viols (sans parler des "simples" agressions sexuelles). Mais bon comme il me l'a fait remarquer, je suis toujours vivante non?

dimanche 26 octobre 2008

La gourmandise est le peché des moines vertueux

En preparant un petit texte sur la gourmandise je suis tombée sur un poème de Paul Scarron dont voici le passage que je prefère:

Quand on se gorge d'un potage
Succulent comme un consommé,
Si notre corps en est charmé,
Notre âme l'est bien d'avantage.
Aussi satan, le faux glouton,
Pour tenter la femme première,
N'alla pas lui montrer du vin ou de la bière,
Mais de quoi branler le menton.

extrait de "Chanson à manger" Paul Scarron (1610-1660)

vendredi 24 octobre 2008

Identité Nationale

Quand on est fille ou fils d’immigré le concept d’identité nationale est un peu confus, sous entend l’affirmation volontaire d’une appartenance à une nation ce qui est loin d’être évident pour nous.
Il faut savoir que la plupart du temps, c’est l’autre qui tranche à votre place, vous range d’un côté ou de l’autre de la frontière comme s’il était vraiment important de choisir son « camp » pour pouvoir vivre normalement dans un pays.

Je suis d’origine portugaise et dans le pays de mes parents je suis vue comme une française alors qu’en France je suis et reste encore, une étrangère. C’est, je pense, la réalité de chaque enfant issu de l’immigration. Dès le départ les autres savent mieux que nous qui nous sommes.

Aucun enfant né en France mais de parents immigrés peut avoir le sentiment d’être français. Notre statut administratif reste compliqué tant que nous n’avons pas 18 ans (âge où la nationalité française est donnée d‘office…mais pas à mon époque, merci la loi Pasqua que je ne digère toujours pas d‘ailleurs). Avant notre majorité nous sommes une sorte de sans papiers à la nationalité indéfinie, pas encore français mais sur le point de le devenir, pas vraiment étranger puisqu’on est né ici. Mis de côté administrativement parlant, il nous est impossible de nous reconnaître en tant que français, ni en tant que quelque chose d’autre d’ailleurs. On apprend à grandir sans.

En dehors des méandres de la procédure administrative, il y a le regard des autres, ceux qui d’une façon complètement anodine et le plus souvent amical vous demandent avec un large sourire: de quelle nationalité es tu? Une question qui aurait pu rester banale si elle n’était pas systématique à chaque nouvelle rencontre, et confirme toujours un peu plus qu’il est impossible pour les autres de me voir comme une française, issue de l’immigration peut être mais française avant tout.

Dans ces conditions, il arrive toujours un moment dans la vie de l’enfant d’immigré où il va se tourner vers le pays de ses parents, un peu par curiosité, parfois même par dépit, pour savoir finalement de quel bord il est étant donné que ça intéresse si souvent les autres. On apprend l’histoire du pays, on améliore la pratique de la langue mais on ne s’imagine pas une seule seconde aller vivre la bas. Au-delà de mon faciès extrêmement typé et de mon nom de famille, y a t il quelque chose d’autre de portugais chez moi? Plus je me pose la question, plus la question perd de son sens. Je ne peux pas revendiquer une nationalité, c’est un concept qui ne me concerne pas.

Mal à l’aise d’un côté comme de l’autre, on se sent finalement apatride, on repense les frontières comme une cicatrice de l’Histoire, quelque chose qui dépasse l’individu et qui sera toujours plus fort que lui. Le sentiment national devient le “problème” des autres, leur façon à eux de voir les choses. Je me sens ni française, ni portugaise et encore moins un mélange des deux.
Si on me demande aujourd’hui d’où je viens, je réponds du coin de la rue, comme ça tout est dit.

dimanche 19 octobre 2008

Derrière le voile

Raphaël, La femme voilée

Il faut savoir prendre le temps de la réflexion. Reconnaître qu’on est allé trop vite, écouter et prendre du recul. Reconnaître aussi ses erreurs de jugement et les rattraper le mieux possible. C’est le sentiment que j’ai eu sur mon billet « En basket et en Hijab ».

Je n’avais pas accepté la présence d’une femme voilée dans un club de gym. J’avais comme un bon nombre de mes concitoyennes un avis plus que défavorable sur le Hijab. Avant d’être la marque d’une appartenance religieuse je le voyais surtout comme l’acceptation d’une place à part de la femme, stigmate de sa soumission. La jeune femme qui était venue faire du sport voilée présentait pour moi des signes évident de schizophrénie, une sorte de soumission librement consentie. Pourquoi venir faire du sport, transpirer pour perdre du poids, avoir la meilleure image possible de soi si c’est pour laisser les autres vous imposer la règle de vous cacher. Puisque le voile n’est réservé qu’aux femmes, il marque le genre, son genre et contribue à la ségrégation et à l’iniquité.


Et puis je me suis imaginée cette même jeune femme voilée venir chez moi, ouvrir les placards de mon appartement et me montrer du doigt mes chaussures à talon et mes sacs à main et me dire: Et ça qu’est-ce que c’est selon toi ? Si je me regarde de loin dans un miroir je ne vois qu’une femme dans la plus pure acceptation de son genre: des cheveux longs, un regard souligné par de l’eye liner, un manteau serré à la taille, un jean coupe « fille » et mes fameuses chaussures à talon.

J’avais depuis longtemps accepté ce paradoxe pour les femmes occidentales, considérant qu’on ne pouvait pas tout effacer (son éducation et son identité) en un coup de baguette magique, qu’un long chemin restait à parcourir et que l’état d’esprit prévalait sur sa propre représentation.

Pourquoi ne pas avoir tenu le même raisonnement pour la jeune femme voilée? Le voile ne reste qu’un accessoire en tissu parmi tant d’autres à la disposition des femmes et si on veut bien sortir de l’image tristement émouvante de la jeune fille voilée de force, il me parait plus raisonnable de considérer le port du Hijab comme un choix personnel. Est-ce un réflexe pathétiquement ethnocentriste de ne pas accepter ce qui est loin de sa propre culture? Pourtant je n’ai pas le même regard critique sur le traditionnel sari des femmes indiennes qui parfois ont aussi un voile sur la tête.

Ma réaction répond tout simplement à un sentiment d‘islamophobie générale. En d’autres termes, je n’ai pas toléré cette jeune femme voilée parce qu’il est largement sous entendu dans nos sociétés que l’islam est une religion archaïque, violente, dangereuse et misogyne. C’est-ce discours insidieux que j’ai assimilé comme la stricte vérité et qui s’est exprimé face à cette jeune femme.


Je regrette sincèrement mon attitude. Je ne partage pas ce point de vue.

Il ne faut pas qu’une cause légitime et universelle comme le droit des femmes serve à taper sur une communauté religieuse et soit utilisée comme une bonne excuse pour condamner l‘autre. La misogynie n’est pas l’expression d’un sentiment religieux quel que soit la religion en question. Elle est avant tout un fait, un comportement qui concerne tout le monde.

lundi 30 juin 2008

Une autre exigence du Féminisme (vieux texte que je réedite pour la marche des fiertés)


Comme le rappelle Pierre Bourdieu, la domination masculine est insidieuse, elle passe quasiment inaperçue. Ce n’est plus une théorie ou un concept, c’est un comportement qui s’inscrit dans l’inconscient collectif. Nous l’avons intégré comme structure évidente dans nos rapports hommes-femmes. Une femme sourit toujours quand on l’interpelle dans la rue et un homme boit son verre de tequila cul sec. Nous sommes conditionnés à prendre le rôle d’un dominant ou d’un dominé.


La mise en lumière de cette injustice et le combat mené pour nos droits renversent petit à petit la situation, mais comment lutter efficacement contre un ennemi invisible ? Comment identifier les mauvais comportements ?


L’homophobie consiste, très simplement, à détester les homosexuel(les).

Dans le cas de l’homosexualité masculine, le comportement passif d’un homme est vécu comme un sacrilège. L’idée qu’un homme ose prendre la place traditionnelle de la femme et qu’il se fasse prendre comme elle, répugne. Il perd son statut d’homme, de dominant. Il devient donc une femme, une honte pour les autres hommes qui ne le respectent plus. L’homosexualité dans le milieu carcéral est très représentative de ce système de valeur. Un homme actif reste un homme et conserve sa dignité, l’homme passif est assimilé à une femme, à un soumis, un esclave sexuel à la disponibilité des autres. Ici ce n’est pas vraiment la sodomie qui est remise en cause mais qui fait quoi.

L’homosexualité féminine n’attise pas autant de haine, à première vue. Les lesbiennes restent un phantasmes pour la grande majorité de la population masculine hétérosexuelle. Selon ce phantasme les lesbiennes sont des bombes sexuelles qui s’ennuient à la maison et passent le temps en attendant le retour prodigue de l’homme. Elles en ont le droit si c’est devant une caméra et pour son bon plaisir. Mais si la femme n’est pas disponible sexuellement pour un homme, elle a alors un comportement contre nature. Parce qu’elle a oublié à qui elle devait s’offrir, elle devient l’objet de haine et de répression.

L’homophobie est une manifestation typique inconsciente de la domination masculine. Elle prend sa source dans une vision très péjorative de la femme, ce n’est rien d’autre que de la misogynie camouflée. Chacun doit rester à sa place parce que la place de la femme est détestable pour un homme et qu’elle n‘a pas le droit de se soustraire à son désir. Autoriser le mariage pour les homosexuelles ou le droit d’adopter des enfants remettrait en cause ce schéma séculaire où la femme n’existe que par l’homme, une autre exigence du féminisme.

samedi 28 juin 2008

La Marche des Fiertés




Voici un texte de Jérome ( c'etait le garçon dont la superbe photo prise pendant la marche illustrait parfaitement bien mon article mais qui m'a supplié de la supprimer parce qu'il n'etait pas assez beau dessus, donc désolée pour toi mais tu ne verras pas sa tête) qui m'a gentiment autorisé à le publier sur mon blog (vous pouvez aussi le lire là: http://www.holala.ch/culture/661.html) :


Cela doit bien faire six ou sept années que je ne me suis pas rendu à cette marche... "Marche des fiertés" parce que "gay pride" est un label déposé... Déjà, ça me fait sourire...


Je me souviens la première fois; j'avais 17 ans, plein d'énergie, je portais le t-shirt officiel (et forcément moulant) de la gay pride. Quitte à vous faire sourire, j'avoue tout, je portais aussi une espèce de treillis violet et des baskets orange fluos... J'étais visiblement plus dans l'idée d'un "droit à la différence" qu'à l'indifférence.


Je pense que je devais cette allure au silence, et au secret, que j'avais enfermé des années d'enfance durant, dans ma petite coquille gay. L'homosexualité n'était qu'ailleurs dans mon proche entourage,aussi comment aurai-je pris avec mesure conscience de moi-même, dans un monde où ce que j'étais n'existait pas. L'année précédente, je me souviens; le téléviseur annonce, pour son 13h, la gay pride du lendemain. La télé sature alors en couleur, on y voit des choses informes qui dansent sur des chars, des voix aux manières serpentines qui des graves aux aigus suivent un chemin improbable, et des miliers de gestes lancés avec emphase devant les caméras ébahies. Toujours est-il que je suis à table en famille... Croyez bien qu'à ce moment là, ces images n'arrangent pas mes affaires. Comment pourrais-je leur faire croire que je suis normal quand la seule image qui peut leur parvenir est cette selection de clichés? A cette seconde, je déteste la gay pride faute de pouvoir me dire que les médias chosissent ce qui arrangent leur audimat.


Pourtant un an plus tard, j'y suis. Avec, comme je l'ai dit, la tenue de rigueur... Mais je ne suis pas là pour faire la fête... J'ai enfin cette conscience qui me faisait défaut, je me sens normal et je constate que mes droits ne sont pas respectés... Parce qu'en lecture et en mots je me suis fait mal à fréquenter les explications sur ma pseudo "déviance" et à entendre les quolibets d'excellences: "sale pédé" et "enculé". Alors ce jour là, je suis à la gay pride parce que je veux sentir que je ne suis pas seul et parce que mon âme est devenue celle d'un militant. J'y suis parce que je crois au changement et que je veux donner de l'energie et du temps à la lutte pour la reconnaissance de mon droit à vivre comme n'importe qui d'autre.


Les années ont passé. Mes vêtements on gagné en sobriété. J'ai du faire une ou deux gay pride de plus puis j'ai cessé d'y aller. Sauf quelques groupes profondément investis du sens de cette marche, je n'ai vu qu'une accumulation d'inconsciences festives. J'ai vu cette commémoration devenir une fanfare orchestrée par les intérets commerciaux de telle ou telle enseigne. Je me suis éloigné peu à peu de cet évènement. N'ayant aucune fierté pas plus que de honte à préfèrer les gens de mon sexe au sexe opposé, j'ai aussi trouvé son nom décalé par rapport au sens que je voulais trouver dans cette marche.


Ces quelques dernières années, j'ai regardé du coin de l'oeil comment ce rassemblement comémoratif évoluait... Ben je suis certain que 90% des participants ignorent ce qu'ils commémorent(*voir note en bas d'article pour ceux qui veulent savoir). Je pense aussi qu'au moins la moitié des participants et la quasi majorité des pseudos gay friendly sont surtout content d'aller danser la tete collée dans des enceintes "techtoniques" et/ou de saisir cette journée comme prétexte à leur démesure. Et bien pourtant: aujourd'hui j'y retourne!


J'y retourne parce que j'ai manqué à mon "devoir" ces dernières années, parce que je n'aurai pas du lâcher ceux qui marchent avec conscience, ceux qui militent entre les chars multicolores, ceux qui entre les boîtes à rhytme essaient de passer des messages, ceux qui font que la situation progresse ailleurs dans le monde. J'y vais parce que demain dans cette marche, je ressemblerai un peu à celui que gamin de 16 ans, j'aurai voulu voir à 13h devant le télévioseur. J'y vais en pensant à lui et à ceux d'aujourd'hui qui lui ressemblent.



*Nuit du 27 au 28 juin 1969. A NY, dans un bar homosexuel de Greenwitch (The Stonewall), la police est accueillie à coup de briques. Cet évènement est commémoré depuis à travers le monde à l'occasion d'une gay pride annuelle.


mercredi 25 juin 2008

Les Gouines Rouges

Mouvement radical féministe lesbien, les Gouines Rouges sont fondées en 1971 à l'initiative des lesbiennes du MLF (Monique Wittig, Marie-Jo Bonnet ou Christine Delphy pour ne citer qu'elles). Ces femmes n'avaient à l'origine pas d'autres revendications que d'exister, de vivre leur amour au grand jour, de sortir du silence et de ne plus avoir honte. Elles voulaient s'affranchir en se rendant visible, affirmer leur homosexualité comme choix politique et plus comme une quelconque malédiction.

« Il y a des homosexuelles sur la scène mais il y en a aussi dans la salle. Si nous montons sur scène, c'est parce que nous n'avons plus honte de nous. On nous a enfermées dans le silence, on nous a insultées parce que nous refusons de nous soumettre à la loi des phallocrates et des hétéroflics. Nous sommes fondamentalement subversives. Nous sommes homosexuelles par choix de jouissance. Notre jouissance n'est ni une masturbation à deux, ni un infantilisme psychosexuel, ni une caricature des rapports hommes-femmes. Nous sommes créatures de jouissance en dehors de toute norme. Nous sommes lesbiennes, et nous sommes heureuses de l'être. »
Les Gouines Rouges, in Gulliver n°1, novembre 1972.

Même si le groupe n'a survécu que quelques années, sa présence au sein même du MLF va marquer et transformer la pensée féministe jusqu'ici plutôt tournée vers des reformes (néanmoins nécessaires: contraception, IVG, nouvelle pénalisation du viol, égalité salariale etc..). Les gouines rouges vont lui donner une nouvelle direction, la conduire vers une nouvelle façon de concevoir les femmes, elles vont déconstruire son mythe.

De cette expérience avec les féministes du MLF, ces "nouvelles" homosexuelles, vont acquérir une certitude, l'opposition entre hétérosexualité et homosexualité ne sert à rien, et ne se justifie pas. La limite qui existe entre ces deux façons de vivre devient très floue une fois les conventions sociales dépassées. L'idée que l'identité sexuelle se construit par rapport à une norme (ici l'hétérosexualité) imposée par la domination masculine fait son chemin, c'est la Pensée Straight de Monique Wittig (publié en 1992 et récemment réédité aux éditions Amsterdam).
L'hétérosexualité n'est pas "naturelle" et ne va pas de soi, les différenciations des sexes se sont construites autour de cette norme et pour cette norme. Monique Wittig ira jusqu'à dire que la lesbienne n'est pas une femme et qu'elle n'aime pas une femme parce qu'elle vit au delà de ces principes communément admis, elle échappe au deuxième sexe. La libre disposition de notre corps était une revendication qui a fait l'unanimité chez toutes les femmes révoltées de l'époque mais qui c'est petit à petit perdu vers d'autres considérations (tendre vers la généralisation de la bisexualité ou de l'homosexualité? Revenir vers l'hétérosexualité mais différemment?) tout en maintenant finalement la binarité des sexes.
Aujourd'hui ces femmes nous ont permis de comprendre qu'au delà de l'identité sexuelle ce sont deux genres, féminin et masculin qui se sont construit socialement sur une logique d'opposition de complémentarité et de hiérarchie et qui contribuent à l'inégalité.
Pour reprendre une phrase de Monique Wittig en modifiant le mot lesbienne par individu: "Un individu doit être quelque chose d'autre, ni femme, ni homme, un produit de la société et non un produit de la "nature" parce qu'il n'y a pas de "nature" dans la société"
Le trouble est jeté..

jeudi 5 juin 2008

Défendons le droit des femmes


Après le jugement du tribunal de Lille qui a annulé le 1er avril dernier un mariage au motif que l’épouse avait menti à l’époux sur la « qualité essentielle » qu’est sa virginité, l’association Ni putes ni soumises appelle à manifester samedi 7 juin, à Paris et dans toute la France, « afin de défendre le droit des femmes ».

À Paris, la manifestation aura lieu à partir de la place d'Italie. Plusieurs d’entre nous (de l'association chiennes de garde) s’y joignent en tant que féministes, et vous donnent rendez-vous au coin de l’avenue de Choisy à 14h30, derrière notre banderole LES ÊTRES HUMAINS NE SONT PAS DES MARCHANDISES.



Voir, sur le site Ni putes ni soumises, le texte « Virginité : un verdict qui tombe comme une fatwa »
http://www.niputesnisoumises.com/actualite.php?numactu=191

lundi 2 juin 2008

Témoignage d'un homme violent

La première fois qu'il a cogné une femme - sa compagne du moment, très amoureuse et "jalouse" de lui, assure-t-il -, Serge T., cadre supérieur dans l'industrie, en a tiré plaisir. "Le fait de taper sur elle, ça m'a vachement plu, ça a débloqué des trucs, ça m'a montré, insiste-t-il, que c'est pas dangereux pour moi de taper sur quelqu'un."

Son amie, "toute bleue" de coups, y a aussi trouvé son compte. Parole d'homme. "Avec moi, explique Serge T., elle vit le Prince charmant -moi-, accompagné d'amour impossible (...). L'autre jour, quand on s'est tapé dessus, elle m'a dit : j'en ai marre d'être malheureuse à cause de toi. Je lui ai dit : tu sais à quoi tu joues, c'est pas à cause de moi que tu es malheureuse, tu sais à qui tu as affaire. Et puis, je lui ai dit : de toute façon, tu aimes bien être malheureuse, ça te plaît (...). Elle aime bien ça, être malheureuse. Elle sait comment ça marche." Pour Serge T., le plaisir de cogner est devenu un besoin : "On est accro, quoi..."

Serge T s'est confié à la fin des années 1980 à Daniel Welzer-Lang, l'un des fondateurs du centre d'accueil pour hommes violents de Lyon - premier du genre en France - créé en novembre 1987. Ses confidences figurent en annexe d'un ouvrage du sociologue, Les Hommes violents, réédité en 1996 (Indigo & Côté femmes)

La justice est aveugle

Tout le monde a parlé ou parle encore de l'annulation du mariage prononcée récemment par le tribunal de grande instance de Lille. Le fiancé a utilisé l'article 180 du code civil pour pouvoir "répudier" sa nouvelle épouse qui a menti sur une de ses "qualités essentielles" exigée pour célébrer cette union à savoir sa virginité.

Même si le juge n'a pris en compte que le mensonge pour rendre sa sentence, on ne peut pas passer à coté des motivations religieuses de l'ancien mari et sa vision misogyne de la femme (qui n'est plus considérée comme pure à partir du moment où elle a pu avoir des relations sexuelles avant de connaître son fiancé)


La loi, notre loi en raison de ses imprécisions et de ses procédures trop strictes peut donner raison et défendre des points de vus sexistes. C'est sous son autorité qu' une de nos concitoyennes se retrouve humiliée et rabaissée.

Ce n'est pas la première fois qu'on se retrouve devant une affaire hallucinante où la justice se trouve prise au piège par ses propres lois.

Une femme, Aynour B. est hospitalisée en 2003 après avoir été victimes de violences de la part de son mari. Elle porte plainte et se réfugie avec ses deux enfants auprès de l'association Sedire. Une information judiciaire est ouverte à l'encontre de son mari qui retourne vivre dans son pays natal pour échapper à l'instruction. La plainte est classée sans suite et trois ans après les faits, alors que le divorce est toujours en cours, le mari revient en France et cherche à retrouver sa femme. Il se tourne vers l'association qui a aidé son épouse pour connaître sa nouvelle adresse en invoquant son droit le plus stricte de voir ses enfants et d'exercer sur eux son droit de surveillance. L'association au vu du caractère violent du mari et du danger manifeste qu'encourt son épouse refuse bien évidemment de lui donner.

Il porte plainte contre sa femme et l'association Sedire pour soustraction d'enfant et obtient gain de cause. Même si l'association représentée par son ancienne directrice Mauricette Sauvigon a été relaxée, la cour de justice de Dunkerque a condamnée sa femme à trois mois de prison avec sursis et 800 euros d'amende.


Sans parler de l'immoralité evidente du mari qui n'a pas l'ombre d'un sentiment de culabilité, il ne faut pas oublier son avocate! Déontologiquement une avocate est tenue de défendre n'importe quel accusé mais pas d'accompagner le premier salopard venu dans sa demarche malhonnête de profiter des faiblesses du système.


lundi 26 mai 2008

En basket et en Hijab

J’adore faire du sport. Au delà du gain esthétique que m’apporte une activité sportive régulière, il m’a permit de me réconcilier avec mon corps, d’en prendre conscience différemment, de mieux me nourrir parce qu’il m’a donné une bonne raison de le faire, de me motiver en me posant des défis réalisables bref de me sentir mieux avec mon apparence. Tout simplement.

Dans le club où je vais m’entraîner, il n’y a pas de sportifs de haut niveau, personne ne prépare les JO de Pékin, il n’y a que des gens qui s’efforcent d’améliorer leur image, de la nouvelle encore un peu boudinée dans son jogging qui cherche à effacer des années de complexe au bodybuildé surprotéiné qui vient surtout pour frimer.

Mais on est tous là pour les mêmes raisons, pour être au mieux de notre forme et le plus agréable possible à regarder.

Alors quand je l’ai vu elle, débarquée dans la salle de gym, je n’ai pas compris:


Peu importe le point de vue que l'on a sur la religion, sur le voile, sa nécessité ou sa désuétude, il y a un sacré paradoxe à venir voiler dans une salle de fitness, un endroit où justement on chérit son corps, on l’entretient et où on le soigne pour mieux pouvoir le montrer après.

Il faut avoir des principes pour décider de porter le voile, j’imagine qu’on ne se réveille pas un matin en se disant que ce serait mieux de sortir avec un bout de tissu sur la tête.

Quelles que soient ses raisons (pudeur, chasteté, affirmation de son appartenance à l‘islam, humilité, soumission à dieu, etc), l’intérêt premier du voile, celui pour lequel on le porte, c’est de se soustraire au regard des autres.

Je suppose que ses motivations à porter le voile doivent être en accord avec sa décision de venir dans un lieu de culte assez éloigné des préoccupations spirituelles.
Mais selon la charia (la loi islamique), le voile ne doit pas attirer le regard, sinon il ne sert strictement à rien.

Sur ce dernier point, je n’arrive pas à comprendre cette jeune femme qui a bien du se rendre compte le jour où elle s’est inscrite et qu’on lui a fait visiter la salle, que son hijab n’allait sûrement pas passer inaperçu, ne serait ce que pour l’inconfort de sa tenue pour faire du sport.

J’ai toujours eu beaucoup de respect pour les croyant.e.s mais pas beaucoup pour les religions justement parce qu’elles poussent à des comportements schizophrènes, à la limite de l’absurde.

vendredi 9 mai 2008

Le Gang Rose

L'Inde est un pays de paradoxe en ce qui concerne le droit des femmes. Elles représentent à peine 21% des salariés et 2% des cadres alors que c'est un des premier pays à avoir élu démocratiquement une femme à la tête de son gouvernement (Indira Ganghi, devenue premier ministre en 1966).

Le 19 juillet 2007, Pratibha Patil est élue présidente de l'Inde et prend la direction d'un pays où une femme est violée toutes les demi-heures et assassinées toutes les soixante quinze minutes, sans parler des violences quotidiennes qu'elles subissent en cas de non paiement de la dot (toujours obligatoire).
Les petites filles ne sont pas désirées, elles ne bénéficient pas des mêmes traitements que les petits garçons et elles sont peu scolarisées (à peine 43%)

De quoi donner envie de se battre?

Sampat Pal Devi connaît bien les injustices faites aux femmes pour les avoir subies elle-même. Déscolarisée et mariée de force à l‘âge de 9 ans, elle vit dans l’Uttar Pradeh, une région pauvre du nord de l’Inde. Bien décidée à faire respecter la loi et à venir au secours des femmes maltraités et des plus démunis, elle fonde en 2006 avec les femmes de son quartier le Gang Rose. A 47 ans, elle est aujourd’hui à la tête d’une milice qui compte environ deux cent femmes éparpillées dans les villages voisins du sien. Ces justicières, reconnaissables à leurs saris rose, se déplacent munies d’un lathi (un bâton en bois réservé d’ordinaire aux hommes) dès qu’elles constatent une injustice.

Un villageois cherche à répudier sa femme, elles viennent en groupe l‘en dissuader, un jeune homme à été arrêté arbitrairement par la police, elles envahissent le commissariat et exigent sa libération, des agriculteurs sont écrasés par des dettes, elles iront négocier avec la banque.
S’il le faut, les femmes du Gang Rose n’hésitent pas à avoir recours à la violence et s’entraînent quotidiennement au maniement du lathi.

Pour les habitants de Banda où vivent les femmes du Gang Rose, elles représentent le dernier espoir quand la police et les fonctionnaires ont décidé de fermer les yeux. Un magasin d’état refusait de distribuer la nourriture réservée gratuitement aux plus pauvres, elles vont surveiller les faits et gestes du personnel et s’apercevoir qu’ils détournent l’aide alimentaire pour la revendre sur les marchés voisins. Elles iront bloquer le camion et s’assurer que la distribution se fasse équitablement.

Face à l’inaction des autorités, elles pourchassent elles même les maris et belles mères violentes, accompagnent les femmes violées au poste de police pour porter plainte et veillent à ce que les petites filles aillent à l’école.

Dans la zone d’influence du Gang Rose, l’attitude envers les femmes commence déjà à changer et les violences à diminuer.