samedi 15 novembre 2008

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #4


Partie I: à lire ici
Partie II: à lire ici
Partie III: à lire ici
Partie IV: La torture.
Partie V: à lire ici

Maintenant que tout accable la sorcière, (l'interrogatoire et les marques du diable), le tribunal de la Sainte Inquisition attend d'elle des aveux complets, il espère aussi qu'elle donnera le nom de ses complices afin de continuer son combat acharné contre l'hérésie. Pour lui soutirer une confession complète, la sorcière va être soumise à la "question".

Normalement la torture est interdite par l'église catholique mais heureusement pour nos inquisiteurs et comme le rappelle le Malleus Maleficarum au début du livre, en 1252 le Pape Innocent IV par le biais d'un décret: la bulle Ad Extirpenda, autorise l'Inquisition a y recourir mais uniquement dans sa lutte contre l'hérésie.

La torture est une pratique réglementée, elle n'a pas pour objet de tuer les accusées et ne doit pas être répétée sauf si la sorcière se montre coriace mais pas plus de trois séances.
Néanmoins à peine 5% des torturées échappent à la peine de mort et les bourreaux savent adapter leurs méthodes à la règle. Pour éviter de demander le droit de débuter une nouvelle séance, il la prolonge en faisant des pauses, parfois de plusieurs jours. L’imagination des bourreaux pour torturer est sans limite, ils broyaient les os dans des brodequins, désarticulaient les corps par extension ou avec l’estrapade (technique qui consiste à attacher la sorcière à une corde, la hisser au plafond et la relâcher brutalement). Ils brûlaient les fesses et les organes génitaux en faisant asseoir l’accusée sur une chaise métallique portée à incandescence. Sans parler des coups, des ongles arrachés avec des tenailles, les narines remplies de chaux vive, les organes génitaux mutilés ou coupés. Les techniques diffèrent également d’un pays à l’autre en fonction des coutumes locales. En France comme en Espagne, un grand classique en méthode de torture était le supplice de l’eau; on faisait avaler deux fois neuf litres d’eau à l’accusée, en Allemagne on la jetait dans un bain d’acide.

Ces différents supplices pouvaient être infligées successivement à la même personne jusqu’à obtenir des aveux satisfaisant pour le tribunal.

Voici un extrait du récit de la torture d’Elisabeth Maderin, 1629 Cobourg (Bavière, Allemagne)
« ... on lui a brûlé des plumes soufrées sous les bras et autour du cou.... On l'a montée au plafond par les mains liées derrière le dos... Cela a duré trois ou quatre heures. On l'a laissé pendu là-haut et le maître des tortures est allé prendre son déjeuner. Et quand il est revenu, il lui a versé de l'eau-de-vie sur le dos et a allumé. Il lui a passé des poids et l'a remontée. Après cela, on lui a mis une planche non rabotée pleine d'échardes sur le dos et on l'a remonté au plafond par les mains. Ensuite, on lui a vissé les deux gros orteils et les deux pouces. On lui a mis un bâton en travers des bras, on l'a pendue ainsi et on l'a laissé environ un quart d'heure. Elle est passée d'un évanouissement à l'autre. On lui vissa les jambes à la hauteur du mollet A la troisième torture cela s'est passé plus durement, puisqu'elle a été battue avec des fouets de cuir sur les lombes, si bien que le sang a transpercé la chemise. On l'a remonté, on lui a de nouveau vissé les pouces et les gros orteils, puis on l'a laissé assise sur la sellette, tandis que le bourreau et les autres membres du tribunal sont allés déjeuner vers dix heures et jusqu'à environ une heure après midi. »

Dans ces conditions, l’accusée avoue n’importe quoi, confirme les délires de ses juges, accuse d’autres personnes qui seront à leurs tours arrêtées puis torturées. La sentence ne se fait généralement pas attendre et l’accusée est rapidement condamnée à mort.

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