"Un esprit noble "engrandit" le plus petit des Hommes" Jebediah Springfield**
L'Histoire compte beaucoup de martyrs, de kamikazes plus ou moins conscients de leurs sorts et d'un nombre considérable de personnes mortes ou emprisonnées pour une idéologie, une nation ou une religion.
Mais certaines d'entre elles sont remarquables pour ne pas s'être dérobées à leurs condamnations à mort alors qu'elles en avaient l'occasion et d'être restées loyales jusqu'au bout à leur principe. C'est le cas de Marie Gouze dite Olympe De Gouges.
Quasiment inconnue des livres d'Histoire et des programmes de littérature, Olympe de Gouges était pourtant une grande figure de la révolution française dont le combat politique et humaniste a été tragiquement interrompue par le couperet de la guillotine le 3 novembre 1793.
Sa vie est assez originale, née à Montauban dans une région où on parlait encore à l'époque un mélange de vieux français et d'occitan, elle savait dans sa jeunesse à peine lire et écrire. Elle deviendra néanmoins une grande femme de lettres, auteure de dix sept pièces de théâtre et de plus d'une cinquantaine d'écrits politiques. Consciente de son peu de disposition à l'écriture, elle préférait dicter ses pensées à un secrétaire et était capable de concevoir et de terminer une pièce en une nuit.
Avant-gardiste dans ses choix de vie, elle s'est retrouvée veuve à dix huit ans et refusa de s'enfermer dans une vie domestique et de se remarier.
Souvent perçue ou réduite à une simple courtisane, elle fut pourtant la première de son temps à militer pour l'abolition de l'esclavage (réflexion sur les hommes noirs, 1788) et pour le droit des femmes (déclaration des droits de la femme et de la citoyenne 1791). Honnête et spontanée elle a systématiquement assumée et revendiquée ses idées y compris dans les moments où elles n’étaient pas bien vues.
Ainsi en 1792, elle se propose de défendre Louis XVI lors de son procès, considérant que « le sang même des coupables, versé avec cruauté et profusion souille éternellement les Révolutions ». Sa candidature est bien sure rejetée et attire sur elle le mépris des révolutionnaires.
En 1793, la révolution prend un nouveau tournant, plus radical envers ses opposants et beaucoup d'amis d'Olympe de Gouges se font arrêtés. Elle décide de contre attaquer en publiant les Trois Urnes, (pamphlet où elle dénonce la dictature et le régime de Terreur que Robespierre met en place) non sans avoir écrit avant son testament politique où elle annonce: « j’ai tout prévu, je sais que ma mort est inévitable ». Elle est effectivement arrêtée et incarcérée le 20 juillet de la même année à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés puis à la prison du Chemin Vert où la liberté offerte à ses occupants leurs laissaient la possibilité de s’évader. Elle écrit d’ailleurs à ce sujet à son fils: « j’ai été libre comme chez moi. J’aurais pu m’évader; mes ennemis et mes bourreaux ne l’ignorent pas. Mais convaincue que toute la malveillance réunie pour me perdre ne pourrait parvenir à me reprocher une seule démarche contre la Révolution, j’ai moi-même demandé mon jugement ».
Le tribunal révolutionnaire va la condamner à mort, pour avoir été trop proche des Girondins et d’être une femme qui s’occupe de politique.
Ils vont se servir de son exécution pour prévenir les autres femmes qui pouvaient avoir quelques ambitions de rester à « leur » place. Dans un journal, La Feuille du Salut Public du 17 novembre 1793, ils préviennent: « Olympe de Gouges, née avec une imagination exaltée, prit son délire pour une inspiration de la nature. Elle commença par déraisonner et finit par adopter le projet des perfides qui voulaient diviser la France: elle voulût être homme d’état et il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe »
Le jour de son exécution, Olympe de Gouges a prononcé ces dernières paroles: « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort » témoignage de sa foi inouï en l’être humain, convaincue de la légitimité de son combat et de sa victoire prochaine.
Il est triste de constater que la pauvre Marie-Olympe de Gouges est loin très loin d’être « vengée ».
* phrase de Socrate à Xanthippe qui n'acceptait pas la condamnation à mort de Socrate
* *Le vrai faux héro, 16ème épisode de la saison 7 des Simpson
L'Histoire compte beaucoup de martyrs, de kamikazes plus ou moins conscients de leurs sorts et d'un nombre considérable de personnes mortes ou emprisonnées pour une idéologie, une nation ou une religion.
Mais certaines d'entre elles sont remarquables pour ne pas s'être dérobées à leurs condamnations à mort alors qu'elles en avaient l'occasion et d'être restées loyales jusqu'au bout à leur principe. C'est le cas de Marie Gouze dite Olympe De Gouges.
Quasiment inconnue des livres d'Histoire et des programmes de littérature, Olympe de Gouges était pourtant une grande figure de la révolution française dont le combat politique et humaniste a été tragiquement interrompue par le couperet de la guillotine le 3 novembre 1793.
Sa vie est assez originale, née à Montauban dans une région où on parlait encore à l'époque un mélange de vieux français et d'occitan, elle savait dans sa jeunesse à peine lire et écrire. Elle deviendra néanmoins une grande femme de lettres, auteure de dix sept pièces de théâtre et de plus d'une cinquantaine d'écrits politiques. Consciente de son peu de disposition à l'écriture, elle préférait dicter ses pensées à un secrétaire et était capable de concevoir et de terminer une pièce en une nuit.
Avant-gardiste dans ses choix de vie, elle s'est retrouvée veuve à dix huit ans et refusa de s'enfermer dans une vie domestique et de se remarier.
Souvent perçue ou réduite à une simple courtisane, elle fut pourtant la première de son temps à militer pour l'abolition de l'esclavage (réflexion sur les hommes noirs, 1788) et pour le droit des femmes (déclaration des droits de la femme et de la citoyenne 1791). Honnête et spontanée elle a systématiquement assumée et revendiquée ses idées y compris dans les moments où elles n’étaient pas bien vues.
Ainsi en 1792, elle se propose de défendre Louis XVI lors de son procès, considérant que « le sang même des coupables, versé avec cruauté et profusion souille éternellement les Révolutions ». Sa candidature est bien sure rejetée et attire sur elle le mépris des révolutionnaires.
En 1793, la révolution prend un nouveau tournant, plus radical envers ses opposants et beaucoup d'amis d'Olympe de Gouges se font arrêtés. Elle décide de contre attaquer en publiant les Trois Urnes, (pamphlet où elle dénonce la dictature et le régime de Terreur que Robespierre met en place) non sans avoir écrit avant son testament politique où elle annonce: « j’ai tout prévu, je sais que ma mort est inévitable ». Elle est effectivement arrêtée et incarcérée le 20 juillet de la même année à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés puis à la prison du Chemin Vert où la liberté offerte à ses occupants leurs laissaient la possibilité de s’évader. Elle écrit d’ailleurs à ce sujet à son fils: « j’ai été libre comme chez moi. J’aurais pu m’évader; mes ennemis et mes bourreaux ne l’ignorent pas. Mais convaincue que toute la malveillance réunie pour me perdre ne pourrait parvenir à me reprocher une seule démarche contre la Révolution, j’ai moi-même demandé mon jugement ».
Le tribunal révolutionnaire va la condamner à mort, pour avoir été trop proche des Girondins et d’être une femme qui s’occupe de politique.
Ils vont se servir de son exécution pour prévenir les autres femmes qui pouvaient avoir quelques ambitions de rester à « leur » place. Dans un journal, La Feuille du Salut Public du 17 novembre 1793, ils préviennent: « Olympe de Gouges, née avec une imagination exaltée, prit son délire pour une inspiration de la nature. Elle commença par déraisonner et finit par adopter le projet des perfides qui voulaient diviser la France: elle voulût être homme d’état et il semble que la loi ait puni cette conspiratrice d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe »
Le jour de son exécution, Olympe de Gouges a prononcé ces dernières paroles: « Enfants de la patrie, vous vengerez ma mort » témoignage de sa foi inouï en l’être humain, convaincue de la légitimité de son combat et de sa victoire prochaine.
Il est triste de constater que la pauvre Marie-Olympe de Gouges est loin très loin d’être « vengée ».
* phrase de Socrate à Xanthippe qui n'acceptait pas la condamnation à mort de Socrate
* *Le vrai faux héro, 16ème épisode de la saison 7 des Simpson
2 commentaires:
Tu as tout à fait raison de le souligner. Les programmes scolaires récents suggèrent de parler des femmes, on avance un peu mais ça reste "les femmes" comme si nous étions une catégorie en soi, comme si les grandes ne pouvaient se mesurer aux grands et devaient rester à jouer dans la même cour.
Pour Olympe de Gouges, il nous reste quelques bonnes biographies à lire (j'ai oublié l'auteur de celle que j'ai lue, arg !)
c'est un peu mieux que de parler de "la femme", qui réduit les femmes à un stéréotype ... et à une prétendue "nature féminine" ...
Pour le livre sur Olympe de Gouge, il y a celui d'Olivier Blanc.
Je conseille vivement le site Musea http://musea.univ-angers.fr/ pour ce qui est de l'histoire des femmes.
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