mercredi 12 novembre 2008

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #1

Partie I: Identifier et accuser la sorcière
Partie II : à lire ici
Partie III: à lire ici
Partie IV: à lire ici

Partie V: à lire ici




"Car où est la femme, là se trouve le péché; où est le péché, là se trouve le Diable; et où est le Diable, là se trouve l'enfer" Saint Lugidus justifiant son voeux de chasteté.




"tu ne laisseras pas vivre la magicienne" Exode 22 v 17 in nouvelle traduction de la Bible, édition société biblique de Genève, décembre 2007


Le Malleus Maleficarum (le marteau des sorcières) écrit en 1487 par deux inquisiteurs dominicains, Heinrich Krämer et Jakob Sprenger, est un livre destiné au combat contre une nouvelle forme d'hérésie, une alliance faite entre le diable et des puissances maléfiques: les femmes.


Ils vont y consigner leurs années d’expérience d’inquisiteur, les témoignages recueillis, les aveux des sorcières rencontrées qui vont leur permettre d’affirmer qu’elles existent bien réellement qu’elles sont capables des plus grands sortilèges ( pluies, vents, grêles, insectes pour détruire les récoltes et les troupeaux, fabrication de poison, envoûtement) qu’elles massacrent des enfants, boivent le sang de ses victimes, les font cuire dans un chaudron etc... et bien sur forniquent avec le diable.



Ce livre va servir de manuel d’instruction criminelle aux juges de la Sainte Inquisition, les auteurs expliquent toutes les ficelles du métier d’inquisiteur et les meilleures techniques pour reconnaître et avoir les aveux de la sorcière.
C’est le premier livre de l’Histoire à avoir été édité en poche, pour permettre aux inquisiteurs de l’avoir à disposition à n’importe quel moment et d’être surs du jugement qu’ils ordonnent.
C’est aussi un des premiers « best-seller », 30 000 exemplaires vendus en quelques années, neuf rééditions avant la fin du siècle.



Krämer et Springer accusent les femmes, toutes les femmes, d’être par nature enclines à la sorcellerie, à l’infidélité, à la luxure, de croire mal ou peu en Dieu, d’être faibles et corruptibles. Ils pensent qu’elles ont le pouvoir d’émasculer les hommes avec qui elles copulent et de collectionner leurs sexes qui par l’effet d’un sortilège continueront de gigoter comme des vers longtemps après.



C’est ce livre qui justifia les tortures et le massacre des femmes pendant la période la plus cruelle de l’inquisition (entre 1450 et 1650). Il est impossible de donner un bilan exact sur le nombre des victimes, faute de documents précis. Les chiffres ne peuvent pas non plus prendre en compte les exécutions sommaires. Mais on peut affirmer grâce aux archives restantes que sur 100 000 accusations de sorcellerie relevées à cette période en Europe occidentale, 50 000 personnes furent exécutées dont 40 000 étaient des femmes.



Les accusations de sorcellerie se fondent sur tout et n’importe quoi, sur des commérages, une rumeur, on soupçonne les sages femmes quand le bébé ne survit pas, on soupçonne les femmes trop belles ou trop laides ou trop vieilles pour l’époque, quand elles ne vont pas assez à l’église ou quand elles y vont trop, quand elles manifestent des signes d'intelligence, inhabituels pour son sexe, on pense aussi facilement aux veuves, car comment font elles pour se satisfaire sexuellement? Toutes les femmes sont sur la sellette. Il suffit bien souvent d'un petit rien pour se voir denoncer à la Sainte Inquisition (jalousie, rancoeur, une personne du village qui tombe subitement malade et la psychose s'installe...).


Une femme qui a été dénoncée puis arrêtée pour sorcellerie va devoir subir un véritable calvaire. Le Malleus Maleficarum détaille la procédure d'accusation en trois étapes:

- Une série de question pour vérifier si l'accusation de sorcellerie est fondée, si l'accusée échoue à l'interrogatoire, c'est à dire, si ses accusateurs pensent qu'elle a le potentiel d'une sorcière ou qu'elle ne peut pas prouver son innoncence, ils passent à l'étape suivante.

-La recherche de preuves contre la sorcière, une marque significative prouvant son lien avec le démon, une manifestation publique de son pouvoir diabolique. S'ils arrivent à trouver une preuve valide contre elle, ils passent à la dernière partie de la procédure.

-la torture, seul moyen disponible et efficace pour avoir les aveux de la sorcière.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Voila une bonne occasion manquée de castrer ces messieurs inquisiteurs .
La folie meurtière , ne serait jamais montée aussi haut :-D

Anonyme a dit…

Ce n'est peut etre pas pour rien que les hommes a cette époque déjas etaient émasculés en place publique :-)Sortilège

Christine Gamita a dit…

Toujours d'actualité : http://susaufeminicides.blogspot.com/2012/01/retour-vers-le-futur-feminicide.html