dimanche 17 février 2008

Au détour d'une conversation...

Avez-vous remarqué comment les idées reçues ont la vie dure et surtout comment elles s’appuient sur l’indétrônable « on m’a dit ».
Hier, une de mes clientes qui a confondu ma condition de salarié avec celui d’esclave en gilet vert qui fait ce que je lui dis parce que le client est roi et surtout qui doit écouter avec le sourire tout ce que j’ai à lui dire parce que je suis plus intelligente qu’elle sinon elle ne serait pas libraire à la F…, a finalement terminé son monologue par:

- oui mais bon quand même, je ne vois pas comment on peut être d’accord avec ça (je ne sais pas à quoi le « ça » fait référence, je n‘ai pas écouté) mais quand on regarde les sociétés primitives, on voit bien que c’est l’homme qui a toujours dominé, c’est normal, c’est lui qui ramenait la nourriture, même dans les sociétés matriarcales, ça a toujours été comme ça et ce n’est pas pour rien. Les hommes ont un truc en plus.

- Quand vous vous demandez qui a peint les grottes de Lascaux, vous vous imaginez immédiatement un homme ou un groupe d’hommes? Pas une femme ou un groupe de femmes et encore moins des femmes et des hommes ensemble. Pensez vous que c’était réellement le cas ou ne croyez vous pas plutôt que votre vision de l’Histoire n’est absolument pas objective et que les éminents anthropologues qui vous ont probablement inspiré cette théorie, ont cherché à comprendre l’évolution de notre espèce en se basant sur les même distinctions et distributions des rôles qui existent entre nos deux sexes aujourd’hui?

Les travaux de Mme Gimbutas vont à l’opposé de cette figure sexiste et parlent de sociétés anciennes qui ne sont pas basées sur la discrimination sexuelle. Pour ma part, je dois vous avouer que je n’en sais rien, mais mon bon sens m’oblige à me poser la question et ne rien admettre sans chercher à en savoir plus.

Mais partons du principe que vous avez raison, l’homme a toujours dominé la femme. Est il raisonnable pour autant de lui attribuer une valeur supérieure à la femme? Devons nous considérer cette différence comme « naturelle » propre à notre espèce ou chercher une explication en dehors de toutes considérations anatomiques ou génétiques? (lire ou relire Albert Jacquart, Lévi-Strauss, Jared Diamond etc…)
Vous dites qu’il en a toujours été ainsi. Et alors? Est-ce un argument suffisant pour continuer à organiser nos sociétés sur cette distinction.
Par analogie, il y a toujours eu des pauvres et des riches, mais nous considérons cela comme une injustice et nous cherchons un moyen efficace d’y remédier.
Rien ne peut justifier ou défendre la prédominance d’un sexe sur l’autre.
Évidemment ma cliente a tourné les talons au moment où je devais prononcer les mots « pensez-vous que… » mais, qui sait, le hasard la ramènera peut être sur mon blog.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ouais,bon ,c'est simple la vie quoi :-)
Sortilège

Anonyme a dit…

BON DEPART