lundi 26 mai 2008

En basket et en Hijab

J’adore faire du sport. Au delà du gain esthétique que m’apporte une activité sportive régulière, il m’a permit de me réconcilier avec mon corps, d’en prendre conscience différemment, de mieux me nourrir parce qu’il m’a donné une bonne raison de le faire, de me motiver en me posant des défis réalisables bref de me sentir mieux avec mon apparence. Tout simplement.

Dans le club où je vais m’entraîner, il n’y a pas de sportifs de haut niveau, personne ne prépare les JO de Pékin, il n’y a que des gens qui s’efforcent d’améliorer leur image, de la nouvelle encore un peu boudinée dans son jogging qui cherche à effacer des années de complexe au bodybuildé surprotéiné qui vient surtout pour frimer.

Mais on est tous là pour les mêmes raisons, pour être au mieux de notre forme et le plus agréable possible à regarder.

Alors quand je l’ai vu elle, débarquée dans la salle de gym, je n’ai pas compris:


Peu importe le point de vue que l'on a sur la religion, sur le voile, sa nécessité ou sa désuétude, il y a un sacré paradoxe à venir voiler dans une salle de fitness, un endroit où justement on chérit son corps, on l’entretient et où on le soigne pour mieux pouvoir le montrer après.

Il faut avoir des principes pour décider de porter le voile, j’imagine qu’on ne se réveille pas un matin en se disant que ce serait mieux de sortir avec un bout de tissu sur la tête.

Quelles que soient ses raisons (pudeur, chasteté, affirmation de son appartenance à l‘islam, humilité, soumission à dieu, etc), l’intérêt premier du voile, celui pour lequel on le porte, c’est de se soustraire au regard des autres.

Je suppose que ses motivations à porter le voile doivent être en accord avec sa décision de venir dans un lieu de culte assez éloigné des préoccupations spirituelles.
Mais selon la charia (la loi islamique), le voile ne doit pas attirer le regard, sinon il ne sert strictement à rien.

Sur ce dernier point, je n’arrive pas à comprendre cette jeune femme qui a bien du se rendre compte le jour où elle s’est inscrite et qu’on lui a fait visiter la salle, que son hijab n’allait sûrement pas passer inaperçu, ne serait ce que pour l’inconfort de sa tenue pour faire du sport.

J’ai toujours eu beaucoup de respect pour les croyant.e.s mais pas beaucoup pour les religions justement parce qu’elles poussent à des comportements schizophrènes, à la limite de l’absurde.

vendredi 9 mai 2008

Le Gang Rose

L'Inde est un pays de paradoxe en ce qui concerne le droit des femmes. Elles représentent à peine 21% des salariés et 2% des cadres alors que c'est un des premier pays à avoir élu démocratiquement une femme à la tête de son gouvernement (Indira Ganghi, devenue premier ministre en 1966).

Le 19 juillet 2007, Pratibha Patil est élue présidente de l'Inde et prend la direction d'un pays où une femme est violée toutes les demi-heures et assassinées toutes les soixante quinze minutes, sans parler des violences quotidiennes qu'elles subissent en cas de non paiement de la dot (toujours obligatoire).
Les petites filles ne sont pas désirées, elles ne bénéficient pas des mêmes traitements que les petits garçons et elles sont peu scolarisées (à peine 43%)

De quoi donner envie de se battre?

Sampat Pal Devi connaît bien les injustices faites aux femmes pour les avoir subies elle-même. Déscolarisée et mariée de force à l‘âge de 9 ans, elle vit dans l’Uttar Pradeh, une région pauvre du nord de l’Inde. Bien décidée à faire respecter la loi et à venir au secours des femmes maltraités et des plus démunis, elle fonde en 2006 avec les femmes de son quartier le Gang Rose. A 47 ans, elle est aujourd’hui à la tête d’une milice qui compte environ deux cent femmes éparpillées dans les villages voisins du sien. Ces justicières, reconnaissables à leurs saris rose, se déplacent munies d’un lathi (un bâton en bois réservé d’ordinaire aux hommes) dès qu’elles constatent une injustice.

Un villageois cherche à répudier sa femme, elles viennent en groupe l‘en dissuader, un jeune homme à été arrêté arbitrairement par la police, elles envahissent le commissariat et exigent sa libération, des agriculteurs sont écrasés par des dettes, elles iront négocier avec la banque.
S’il le faut, les femmes du Gang Rose n’hésitent pas à avoir recours à la violence et s’entraînent quotidiennement au maniement du lathi.

Pour les habitants de Banda où vivent les femmes du Gang Rose, elles représentent le dernier espoir quand la police et les fonctionnaires ont décidé de fermer les yeux. Un magasin d’état refusait de distribuer la nourriture réservée gratuitement aux plus pauvres, elles vont surveiller les faits et gestes du personnel et s’apercevoir qu’ils détournent l’aide alimentaire pour la revendre sur les marchés voisins. Elles iront bloquer le camion et s’assurer que la distribution se fasse équitablement.

Face à l’inaction des autorités, elles pourchassent elles même les maris et belles mères violentes, accompagnent les femmes violées au poste de police pour porter plainte et veillent à ce que les petites filles aillent à l’école.

Dans la zone d’influence du Gang Rose, l’attitude envers les femmes commence déjà à changer et les violences à diminuer.