mardi 18 novembre 2008

Pendant ce temps en Afghanistan

Le 12 novembre 2008, en début de matinée, quinze adolescentes ont été aspergées d'acide tandis qu'elles se rendaient au lycée de filles Mirwais-Nika, à Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan.
Trois d’entre elles sont dans un état grave. Toutes portaient la burqa (la longue robe couvrant entièrement la tête et le corps) ; des hommes, circulant à moto, les auraient forcées à se dévoiler avant de leur projeter au visage de l'acide.
Même si les agresseurs se sont enfuis sans avoir été identifiés, il y a tout lieu d’attribuer cet attentat aux talibans, qui avaient interdit l'éducation des filles quand ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001. Depuis qu'ils organisent la rébellion contre le régime d’Hamid Karzaï soutenu par les Occidentaux, ils ont multiplié les violences contre les établissements scolarisant des filles. Destructions d'écoles et assassinats d'enseignants ont miné les efforts du gouvernement et de la communauté internationale pour rétablir le droit des filles à l'éducation.
Résultat : le taux d'illettrisme est de 86 % pour les Afghanes et de 57 % pour les Afghans, le taux de scolarisation des filles de 34 % dans l'enseignement primaire et de 9 % dans l'enseignement secondaire.
" On ne peut pas rester enfermé chez soi, déclare l’une des jeunes filles agressées. Il faut qu'on reçoive une éducation. »

lundi 17 novembre 2008

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #5


Partie I: à lire ici
Partie II: à lire ici
Partie III: à lire ici
Partie IV: à lire ici
Partie V: l'exécution

Sous la torture, les femmes accusées de sorcellerie avouaient les pires atrocités, il était donc presque impossible au tribunal de la Sainte Inquisition de se montrer clément. Que faire d’une femme qui dit savoir voler, copuler avec le diable, tuer des enfants, boire du sang, jeter des sorts pour accabler son village d’une épidémie? La sentence était dans 95% des cas la mort. Pour les plus chanceuses (généralement les enfants) le tribunal se contentait de les faire fouetter en public et de les bannir du village. Elles devaient tout abandonner, maison, famille et avaient l’interdiction de revenir. Si toutefois elles essayaient de braver cette interdiction, elles étaient considérées comme relapses (récidivistes) et elles étaient de nouveau arrêtées, torturées puis condamnées à mort.

L'exécution était toujours barbare et n'impliquait pas la fin des tourments pour la pauvre sorcière. Tenue en public et sous les acclamations de la foule, elle devait subir les dernières vexations. A demi nue, elle était fouettée ou tenaillée, elle devait demander pardon aux prêtres de sa paroisse et jurer de renoncer au diable. On passait ensuite à l’exécution.

Le bûcher n’était pas le moyen le plus utilisé pour exterminer les sorcières et restait assez exceptionnel. Pour être spectaculaire il nécessitait beaucoup de bois et coûtait très cher. Dans un bûcher traditionnel, seul la tête de la condamnée dépassait des morceaux de bois. Le public ne voyait rien et protestait.
Pour satisfaire les foules qui voulait voir la sorcière agonisée, on pouvait quelque fois la suspendre à un mat au dessus des flammes. Ce procédé bien que très populaire auprès du public l’était beaucoup moins auprès des autorités. Il ne permettait pas la totale crémation du corps et les autorités ne savait pas quoi faire du cadavre. Elles étaient contraintes de le rebrûler car il était strictement interdit d’inhumer ces créatures du diable dans un cimetière de la paroisse.

Dans la majorité des cas , les sorcières furent d’abord tuées par un autre moyen que le feu. Les autorités cherchaient des moyens rapides, spectaculaires et économiques. En Allemagne on attachait un sac de poudre au cou des sorcières, on les liait entre elles et on allumait le tout comme un cordon de pétard, on pouvait aussi les décapiter à la hache. En France on préférait la pendaison, on laissait les cadavres des sorcières sur la place publique pour l’édification des bons chrétiens. Parfois on les étripaient et on les clouait au gibet ou on les enterrait vivantes.

C’est seulement une fois morte qu’on se débarrassait du cadavre discrètement en le brûlant.

samedi 15 novembre 2008

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #4


Partie I: à lire ici
Partie II: à lire ici
Partie III: à lire ici
Partie IV: La torture.
Partie V: à lire ici

Maintenant que tout accable la sorcière, (l'interrogatoire et les marques du diable), le tribunal de la Sainte Inquisition attend d'elle des aveux complets, il espère aussi qu'elle donnera le nom de ses complices afin de continuer son combat acharné contre l'hérésie. Pour lui soutirer une confession complète, la sorcière va être soumise à la "question".

Normalement la torture est interdite par l'église catholique mais heureusement pour nos inquisiteurs et comme le rappelle le Malleus Maleficarum au début du livre, en 1252 le Pape Innocent IV par le biais d'un décret: la bulle Ad Extirpenda, autorise l'Inquisition a y recourir mais uniquement dans sa lutte contre l'hérésie.

La torture est une pratique réglementée, elle n'a pas pour objet de tuer les accusées et ne doit pas être répétée sauf si la sorcière se montre coriace mais pas plus de trois séances.
Néanmoins à peine 5% des torturées échappent à la peine de mort et les bourreaux savent adapter leurs méthodes à la règle. Pour éviter de demander le droit de débuter une nouvelle séance, il la prolonge en faisant des pauses, parfois de plusieurs jours. L’imagination des bourreaux pour torturer est sans limite, ils broyaient les os dans des brodequins, désarticulaient les corps par extension ou avec l’estrapade (technique qui consiste à attacher la sorcière à une corde, la hisser au plafond et la relâcher brutalement). Ils brûlaient les fesses et les organes génitaux en faisant asseoir l’accusée sur une chaise métallique portée à incandescence. Sans parler des coups, des ongles arrachés avec des tenailles, les narines remplies de chaux vive, les organes génitaux mutilés ou coupés. Les techniques diffèrent également d’un pays à l’autre en fonction des coutumes locales. En France comme en Espagne, un grand classique en méthode de torture était le supplice de l’eau; on faisait avaler deux fois neuf litres d’eau à l’accusée, en Allemagne on la jetait dans un bain d’acide.

Ces différents supplices pouvaient être infligées successivement à la même personne jusqu’à obtenir des aveux satisfaisant pour le tribunal.

Voici un extrait du récit de la torture d’Elisabeth Maderin, 1629 Cobourg (Bavière, Allemagne)
« ... on lui a brûlé des plumes soufrées sous les bras et autour du cou.... On l'a montée au plafond par les mains liées derrière le dos... Cela a duré trois ou quatre heures. On l'a laissé pendu là-haut et le maître des tortures est allé prendre son déjeuner. Et quand il est revenu, il lui a versé de l'eau-de-vie sur le dos et a allumé. Il lui a passé des poids et l'a remontée. Après cela, on lui a mis une planche non rabotée pleine d'échardes sur le dos et on l'a remonté au plafond par les mains. Ensuite, on lui a vissé les deux gros orteils et les deux pouces. On lui a mis un bâton en travers des bras, on l'a pendue ainsi et on l'a laissé environ un quart d'heure. Elle est passée d'un évanouissement à l'autre. On lui vissa les jambes à la hauteur du mollet A la troisième torture cela s'est passé plus durement, puisqu'elle a été battue avec des fouets de cuir sur les lombes, si bien que le sang a transpercé la chemise. On l'a remonté, on lui a de nouveau vissé les pouces et les gros orteils, puis on l'a laissé assise sur la sellette, tandis que le bourreau et les autres membres du tribunal sont allés déjeuner vers dix heures et jusqu'à environ une heure après midi. »

Dans ces conditions, l’accusée avoue n’importe quoi, confirme les délires de ses juges, accuse d’autres personnes qui seront à leurs tours arrêtées puis torturées. La sentence ne se fait généralement pas attendre et l’accusée est rapidement condamnée à mort.

vendredi 14 novembre 2008

Qui a dit?

« Je tiens à souligner le fait que l'introduction même de l'idée d' homophobie, tend à accréditer l'idée que le comportement homosexuel a la même valeur que d'autres comportements alors qu'il est évidemment une menace pour l'humanité, pour sa survie, tout simplement pour le respect de l'humanité, mais oui! mais évidemment! évidemment! "

???

Christian Vanneste, député UMP du nord, Ces propos ont été prononcé devant l’assemblé nationale au sujet de loi du 30 décembre 2004, réprimant les injures et discriminations homophobes au même titre que les injures et discriminations racistes ou sexistes.

M Vanneste a été condamné pour ses propos par le tribunal correctionnel de Lille en janvier 2006 à 3 000 euros d'amende et 6 000 euros de dommages-intérêts.
La cour d'appel de Douai avait confirmé cette décision un an après considérant "qu'un parlementaire est investi d'une parcelle de la souveraineté nationale" et que "sa liberté d'expression est une condition de la démocratie et de l'Etat de droit", M. Vanneste avait alors formé un pourvoi en cassation, dernier recours possible.

La chambre criminelle de la cour de cassation a "cassé" mercredi dernier la décision de la cour d'appel estimant que: « Si les propos litigieux, qui avaient été tenus dans la suite des débats et du vote de la loi du 30 décembre 2004, ont pu heurter la sensibilité de certaines personnes homosexuelles, leur contenu ne dépasse pas les limites de la liberté d'expression »

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #3

Partie I : à lire ici
Partie II : à lire ici
Partie III: le Piquage, à la recherche de la marque du diable
Partie IV: à lire ici
Partie V: à lire ici

Les marques du diable ont beaucoup d'avantage pour l'accusation. Elles sont visibles et constituent une preuve objective contre la sorcière.
Pour être reconnue comme marques du diable, ces traces doivent répondre à trois critères:

-elles doivent se voir ostensiblement sur le corps, elles peuvent être une tache de naissance, une verrue, un grain de beauté, une dartre ou autre imperfection de la peau.
-elles doivent être insensibles à la douleur, le diable qui a appliqué sa marque sur le corps de la sorcière a forcement rendu mort cet endroit.
-elles ne doivent pas ou peu saigner, puisque les chairs sont censées être mortes.

Pour rechercher ces marques, des spécialistes (souvent des médecins, des chirurgiens mais aussi des barbiers, ou tout autre personne intéressée par le gain) rasaient entièrement le corps de la sorcière et enfonçaient des aiguilles dans toutes les parties suspectes de son anatomie. La femme, nue devant un cortège d'hommes (le piqueur, ses assistants et les membres du tribunal), attachée et les yeux bandées, devait dire si elle sentait ou pas une piqûre.
La plupart du temps un "simple" cri de douleur suffisait.

En fait ils piquaient n'importe où, ils examinaient absolument toutes les régions de son corps jusque dans les parties les plus intimes, ils piquaient les seins, l'intérieur de la bouche, la vulve ou l'anus.

En 1610, Magdelaine de Demandolx, suspectée à l'origine d'être possédée a été soumise à la procédure du piquage, les spécialistes ont trouvé une marque au niveau des reins, d'autres sur les pieds et le coeur. Ils ne se sont pas arrêtés là, ils vont examinés ses parties intimes, constatés qu'ils peuvent sans grande difficulté entrer trois doigts à la fois dans son vagin et la considérer comme n'étant plus vierge alors qu'elle n'est pas mariée (ce qui sous entend qu'elle a pu avoir un rapport sexuel avec le diable et poursuivre la procédure pour l‘accuser cette fois de sorcellerie).
.
Beaucoup d'endroit pouvait se révéler insensible à la douleur, tout dépendait si le spécialiste appuyait fortement ou pas. Le piquage comme l'interrogatoire se révèlent être des épreuves facilement concluantes pour l'accusation qui a maintenant assez de charge contre l'accusée pour passer à l'étape suivante, la plus cruelle et la plus redoutée: la torture.

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #2

Partie I : à lire ici
Partie II: L’interrogatoire et les premiers signes de sorcellerie.
Partie III: à lire ici
Partie IV: à lire ici
Partie V: à lire ici




La pauvre femme qui se trouve sous le coup d’une accusation pour sorcellerie a beaucoup de soucis à se faire.
Le Malleus Maleficarum ne donne aucun élément pour vérifier l’innocence d’une personne, il ne sert qu’à trouver un moyen de prouver l’accusation. Dans le droit français du 21ème siècle, tout accusé est innocent tant qu’il n’est pas reconnu coupable; Krämer et Sprenger fonctionnent sur le même principe à la différence près qu‘ils ont des moyens irréfutables pour prouver qu‘une femme jusqu‘ici innocente est en fait une sorcière. Peu importe si l’accusée a toujours mené une vie irréprochable, s’ils arrivent à trouver chez elle un signe de sorcellerie et qu’elle ne peut pas se repentir, elle finira sur le bûcher.



La première étape de l’enquête menée contre l’accusée consiste tout simplement à lui poser une série de question pour vérifier si l’accusation qui pèse sur elle est justifiée. Les juges vont se faire une idée de son potentiel et décident s’il est juste ou non de continuer la procédure. C’est une étape capitale pour l’accusée, sa seule chance de prouver son innocence. Si elle échoue ou qu’elle répond mal aux questions qu’on lui pose, elle est déjà condamnée; les étapes suivantes se limitant à une série de tortures de plus en plus cruelles, elle sera obligée d’avouer et plus rien ne pourra décider les juges à revenir en arrière.



Grâce aux judicieux conseils du Malleus Maleficarum, l’interrogatoire est en fait une simple formalité pour les inquisiteurs. Formés à débusquer les moindres signes de sorcellerie, chaque attitude adoptée par l’accusée chaque réponse donnée peuvent être perçues comme une preuve de sorcellerie. Si la femme pleure, c’est qu’elle à quelque chose à se reprocher, si au contraire elle ne pleure pas et qu’elle se réfugie dans le silence, c’est sur le conseil du diable, son complice, qui se croit ainsi plus malin que les juges.



L’accusée, le plus souvent ignorante et comprenant mal ce qui se passe, tombe facilement dans le piège. Les questions qu’on lui pose sont ambiguës et amènent toujours une mauvaise réponse. On pouvait lui demander par exemple si elle croyait aux sorciers. Si elle répondait non, c’est qu’elle ne croyait pas au diable ce qui est contraire aux saintes écritures, si elle répondait oui, on lui demandait quel sorcier elle connaissait et d’où lui venait ce savoir. Si un de ses voisins était mort d’une maladie, on lui demandait si elle avait eu de l’affection pour lui, si elle répond non, c’est qu’elle est peut être responsable de sa mort, si elle répond oui, elle est accusée d’avoir voulu commettre l’adultère. Le simple fait d’utiliser une plante comme ingrédient dans une soupe pouvait être interprété comme un aveu de la femme à préparer des potions maléfiques.



Pour échapper au procès, il fallait surtout être chanceuse.



Mais les soupçons qui pèsent sur l’accusée, ne suffisent pas à la juger pour sorcellerie. Il faut aux juges de la Sainte Inquisition d’autres preuves qui ne se basent pas uniquement sur leur savoir faire. Ils fouillaient son domicile, à la recherche d’ustensiles type de la sorcière, chaudron, flacon contenant des huiles ou des graisses, plantes, animaux suspects (morts ou vivants) ou n’importe quoi de bizarre sur lesquels ils finissaient toujours par tomber. Ils soumettaient aussi l’accusée à divers épreuves. Les plus communes étaient la pesé ou les bains, imaginées sur l’idée la plus répandue que les sorcières devaient être légères. Étant les complices du diable, on les associait au feu qui est un élément plus léger que la terre. Lors de la pesée, si son poids ne correspondait pas à sa corpulence selon un barème que les juges établissaient et si la femme se révélait être plus légère que ce qu’elle devrait peser, il tenait alors une preuve évidente de sorcellerie. Dans le cas des bains on liait les mains et les pieds de la « sorcière » et on la jetait dans l’eau, si elle coulait à pic et restait au fond, l’épreuve avait échouer mais si elle flottait, elle était perdue.



L’inconvénient de ces pratiques est qu’elles se révèlent incertaines et ne vont pas souvent dans le sens de l’accusation. Il est difficile de se convaincre de l’innocence de l’accusée sur la base de la pesée ou du bain ( on oubliait d’ailleurs souvent d’aller chercher les femmes qu’on avait jeté dans l’eau ou on avait tout simplement peur de le faire, craignant une réaction de la sorcière). Les sorcières ont assez de pouvoir pour truquer les épreuves. Même si ces femmes réussissaient ces tests, elles n’étaient pour autant innocentées.



Heureusement pour les valeureux juges de la Sainte Inquisition, le Malleus Maleficarum est une source inépuisable de renseignements sur la sorcière.
Il existe chez ces femmes un signe distinctif qui permet sans aucun doute de l’identifier comme telle. Une marque qu’ils appellent sobrement la marque du diable et qui vont s’employer à rechercher sur toutes les malheureuses présumées sorcières.

mercredi 12 novembre 2008

Le Malleus Maleficarum ou l'art de faire avouer les sorcières #1

Partie I: Identifier et accuser la sorcière
Partie II : à lire ici
Partie III: à lire ici
Partie IV: à lire ici

Partie V: à lire ici




"Car où est la femme, là se trouve le péché; où est le péché, là se trouve le Diable; et où est le Diable, là se trouve l'enfer" Saint Lugidus justifiant son voeux de chasteté.




"tu ne laisseras pas vivre la magicienne" Exode 22 v 17 in nouvelle traduction de la Bible, édition société biblique de Genève, décembre 2007


Le Malleus Maleficarum (le marteau des sorcières) écrit en 1487 par deux inquisiteurs dominicains, Heinrich Krämer et Jakob Sprenger, est un livre destiné au combat contre une nouvelle forme d'hérésie, une alliance faite entre le diable et des puissances maléfiques: les femmes.


Ils vont y consigner leurs années d’expérience d’inquisiteur, les témoignages recueillis, les aveux des sorcières rencontrées qui vont leur permettre d’affirmer qu’elles existent bien réellement qu’elles sont capables des plus grands sortilèges ( pluies, vents, grêles, insectes pour détruire les récoltes et les troupeaux, fabrication de poison, envoûtement) qu’elles massacrent des enfants, boivent le sang de ses victimes, les font cuire dans un chaudron etc... et bien sur forniquent avec le diable.



Ce livre va servir de manuel d’instruction criminelle aux juges de la Sainte Inquisition, les auteurs expliquent toutes les ficelles du métier d’inquisiteur et les meilleures techniques pour reconnaître et avoir les aveux de la sorcière.
C’est le premier livre de l’Histoire à avoir été édité en poche, pour permettre aux inquisiteurs de l’avoir à disposition à n’importe quel moment et d’être surs du jugement qu’ils ordonnent.
C’est aussi un des premiers « best-seller », 30 000 exemplaires vendus en quelques années, neuf rééditions avant la fin du siècle.



Krämer et Springer accusent les femmes, toutes les femmes, d’être par nature enclines à la sorcellerie, à l’infidélité, à la luxure, de croire mal ou peu en Dieu, d’être faibles et corruptibles. Ils pensent qu’elles ont le pouvoir d’émasculer les hommes avec qui elles copulent et de collectionner leurs sexes qui par l’effet d’un sortilège continueront de gigoter comme des vers longtemps après.



C’est ce livre qui justifia les tortures et le massacre des femmes pendant la période la plus cruelle de l’inquisition (entre 1450 et 1650). Il est impossible de donner un bilan exact sur le nombre des victimes, faute de documents précis. Les chiffres ne peuvent pas non plus prendre en compte les exécutions sommaires. Mais on peut affirmer grâce aux archives restantes que sur 100 000 accusations de sorcellerie relevées à cette période en Europe occidentale, 50 000 personnes furent exécutées dont 40 000 étaient des femmes.



Les accusations de sorcellerie se fondent sur tout et n’importe quoi, sur des commérages, une rumeur, on soupçonne les sages femmes quand le bébé ne survit pas, on soupçonne les femmes trop belles ou trop laides ou trop vieilles pour l’époque, quand elles ne vont pas assez à l’église ou quand elles y vont trop, quand elles manifestent des signes d'intelligence, inhabituels pour son sexe, on pense aussi facilement aux veuves, car comment font elles pour se satisfaire sexuellement? Toutes les femmes sont sur la sellette. Il suffit bien souvent d'un petit rien pour se voir denoncer à la Sainte Inquisition (jalousie, rancoeur, une personne du village qui tombe subitement malade et la psychose s'installe...).


Une femme qui a été dénoncée puis arrêtée pour sorcellerie va devoir subir un véritable calvaire. Le Malleus Maleficarum détaille la procédure d'accusation en trois étapes:

- Une série de question pour vérifier si l'accusation de sorcellerie est fondée, si l'accusée échoue à l'interrogatoire, c'est à dire, si ses accusateurs pensent qu'elle a le potentiel d'une sorcière ou qu'elle ne peut pas prouver son innoncence, ils passent à l'étape suivante.

-La recherche de preuves contre la sorcière, une marque significative prouvant son lien avec le démon, une manifestation publique de son pouvoir diabolique. S'ils arrivent à trouver une preuve valide contre elle, ils passent à la dernière partie de la procédure.

-la torture, seul moyen disponible et efficace pour avoir les aveux de la sorcière.

lundi 10 novembre 2008

Pendant ce temps en Somalie

A la mémoire de Aisha Ibrahim Dhuhulow,13 ans, morte par lapidation le 27 octobre dernier en Somalie, accusée d'adultère alors qu'elle a été violée. Voici l'article publié sur le site Centre d'Actualité de l'ONU

"4 novembre 2008 – Le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) a déploré mardi la lapidation la semaine dernière d'une jeune Somalienne de 13 ans accusée d'adultère alors qu'elle avait été victime d'un viol.

Aisha Duhulow a été lapidée le 27 octobre dans un stade rempli de spectateurs à Kismayo après avoir été jugée coupable d'adultère. Des informations indiquent toutefois qu'elle avait été violée par trois hommes alors qu'elle se rendait à pied chez sa grand-mère dans la capitale Mogadiscio. Après l'attaque, elle avait cherché protection auprès des autorités qui l'avaient alors accusée d'adultère et condamnée à mort.


« C'est un événement tragique et déplorable », a déclaré le représentant de l'UNICEF pour la Somalie, Christian Balslev-Olesen. « Un enfant a été persécuté deux fois. La première par les auteurs du viol, et ensuite par ceux qui sont responsables d'administrer la justice ».

Cette lapidation souligne l'extrême vulnérabilité des filles et des femmes en Somalie, pour qui la violence et la discrimination sont plus intenses en raison d'un conflit chronique et de déplacements de populations. La violence à l'encontre des femmes est commune en Somalie et la vulnérabilité des filles et des femmes est souvent exacerbée par les inégalités entre hommes et femmes dans l'accès aux services sociaux.

« Les autorités et les institutions de la société civile ont un rôle à jouer pour soutenir et protéger les droits de chaque enfant », a dit M. Balslev-Olesen. « Toutefois, cet incident montre combien il reste à faire pour protéger les droits des filles et des femmes en Somalie ». "


information relayée par Gimmeshoes

dimanche 9 novembre 2008

Ras le bol

J'adore mon métier. Je suis libraire et hormis écrire, je ne vois pas ce que j'aurais envie de faire d'autre...

Seulement, quelque fois, j'ai en main des livres que je ne supporte pas vendre, (Zemmour, Soral, Schopenhauer, entre autres évidemment), mais parfois j'ai ça aussi:




Quoi de plus sympathique pour commencer sa journée que de constater que la célèbre collection de livre informatique au nom si évocateur, s'est dite un beau matin qu'il fallait bien un livre spécial pour expliquer à ces courges que sont les femmes comment on allume un ordinateur, comment on branche une imprimante et comment on se connecte à Internet...


Cet éditeur avait pourtant une multitude de titre dans cette collection qui se proposait déjà d'expliquer au moins érudit d'entre nous comment s'en sortir avec cette machine infernale qu'est un ordinateur, il faut croire que sa géniale équipe s'est dite que ce n'était pas assez simple pour les pauvres femmes qui ont plus l'habitude de manier un aspirateur qu'un ordinateur!


On peut toujours compter sur la vénalité de certain éditeur pour avoir une image précise des stéréotypes toujours en vigueur en 2008, car quand un livre est édité spécialement pour expliquer aux hommes comment faire une chose qu'ils n'ont pas l'habitude de faire, qui n'est pas son domaine d'activité généralement réservé au sexe opposé, devinez de quoi parle ce livre???



Vous ne voyez pas:






Bah de cuisine... mais pas celle des chef.fes, celle de tous les jours, celle que font les femmes pendant que monsieur est devant son ordinateur...

Vive le sexisme ordinaire.



samedi 8 novembre 2008

L'homme est une femme comme les autres



Genèse 2.21: Alors l'Éternel Dieu fit tomber un profond sommeil sur l'homme , qui s'endormit. Il prit une de ses côtes et referma la chair à sa place.
Genèse 2.22: L'Éternel Dieu forma une femme à partir de la côte qu'il avait prise à l'homme et il l'amena vers l'homme.



Quand j'étais au CE2, j'avais un petit camarade du nom de Benjamin Tissandier. Il aimait comme moi rester de temps en temps dans la classe pendant la recréation pour feuilleter le vieux dictionnaire Larousse qui traînait là.
Mais pas pour les même raison, je regardais les planches sur le système solaire, lui préférait celles sur l'anatomie de l'être humain, et plus particulièrement l'anatomie féminine.
Un jour il m'a montré les seins de la dame et m'a expliqué que c'est par les tétons que sortait le lait que les femmes font pour nourrir les bébés , un peu comme une vache avec son petit, il a ajouté.


Mais Benjamin m'avait déjà raconté que son chat écrasé la veille par une voiture avait ressuscité du paradis des animaux pour revenir dans sa chambre. Alors je l'ai pas cru.


Je lui ai tout simplement dit: Bah toi aussi alors, sinon pourquoi t'aurais des tétons comme la dame!!!


Et là Benjamin, il a rien trouvé à rajouter.


Depuis j'ai grandit, j'ai perdu Benjamin de vu et j'ai assimilé le principe de l'allaitement comme étant une des particularités de mon sexe , mais une question se pose toujours: si les mamelons n'existent que pour permettre au lait maternel de passer alors pourquoi les hommes ont des tétons?


Physiologiquement, les mamelons ne leur sert à rien, ou presque, certains sont sensibles des tétons et les considèrent comme une zone érogène à stimuler. Mais ce n'est pas le cas de tous les hommes, ce n'est donc pas sa fonction première, c'est juste un bonus pour les petits veinards qui ont développé une sensibilité à cet endroit.


Esthétiquement, un homme sans tétons paraîtrait bizarre, incomplet mais c'est parce qu'on est trop habitué à les voir avec, la nature ne leur à pas donner des tétons pour faire joli! Ce n'est pas dans ses habitudes.


Au stade embryonnaire (cette période dure environ 8 semaines après la fécondation chez l'humain) les foetus en devenir se ressemblent quel que soit le sexe et sont établis selon le même plan:
-Durant le premier mois, le coeur, la moelle épinière et le cerveau sont formés, ainsi qu'une petite queue qui lui donne une apparence reptilienne.


-Durant le second mois, les membres extérieurs commencent à apparaître, le visage se dessine et les organes sexuelles évoluent vers des organes sexuels féminins. C'est à ce moment que les mamelons sont "programmés".

-Ce n'est qu'au début du troisième mois, sous l'influence de la testostérone que les organes sexuels féminins vont se différencier en organes sexuels masculin. Le pénis se développera sur la base du clitoris, les deux grandes lèvres vont se souder d'où la présence plus tard de la petite "couture" que l'on voit sous le scrotum (petit sac qui contient des testicules).


Le temps de quelques semaines, chaque individu était à la base une femelle, à un moment où l'essentiel (le cerveau, le coeur, la colonne vertébrale etc...) de l'humain en devenir était déjà défini.


La distinction du sexe n'est qu'un épisode anodin dans la construction de l'être humain, elle devrait l'être également dans notre façon d'appréhender les autres.

dimanche 2 novembre 2008

Le misogyne du mois de novembre 2008

Pierre Joseph Proudhon

Pierre Joseph Proudhon (1809-1865), figure de l'anarchisme français, célèbre pour ses phrases comme : "La propriété c'est du vol!" ou "l'anarchisme c'est l'ordre sans le pouvoir", a passé sa vie à défendre les libertés individuelles et à imaginer un nouvel ordre social plus juste... essentiellement pour les hommes.


Il avait une idée précise de la place de la femme dans sa nouvelle société qu'il détaille dans son livre De La Justice Dans La Révolution (1858) et dans Pornocratie Ou Les Femmes Dans Les Sociétés Modernes (1875, oeuvre posthume) dont voici un passage: " Je dis que le règne de la femme est dans la famille; que la sphère de son rayonnement est le domicile conjugal; que c'est ainsi que l'homme, en qui la femme doit aimer, non la beauté, mais la force, développera sa dignité, son individualité, son caractère, son héroïsme et sa justice (...)".


La question de la femme intéresse surtout Proudhon dans l'organisation du couple, la confinant dés le départ dans la sphère privé du foyer. "Quant aux choses du dehors" comme il les nomme, la politique, les fonctions judiciaires, policières, gouvernementales (etc), il ne les veux pas pour la femme parce qu'elle ne sied pas à sa beauté.


Il considère que l'homme a une prédominance sur la force et la femme sur la beauté (on peut se demander en quoi ces deux critères sont important dans l'organisation de sa nouvelle société plus libre et plus juste envers la population) et qu'à ce titre ils peuvent être équivalent mais pas égaux, "l'infériorité de cette dernière était par conséquent irrémédiable".
Dans sa vision, l'homme est "un législateur, père de famille, philosophe, économiste, moraliste" et la femme "une créature raisonnable et morale, compagne de l'homme."


Les différences entre les hommes et les femmes ne sont pas pour lui uniquement d'ordre génital lié à la reproduction ou simplement physique; les femmes n'ont pas les même facultés intellectuelles ou morales que les hommes. La nature l'a doté d'un cerveau plus petit, elle en est forcement plus bête, moins apte à la réflexion. (on se souviendra qu'en 1849, Samuel Morton "scientifique" américain avait entrepris de classer les "races" humaines en fonction du volume du crâne pour justifier la condition inférieure des populations noires) . "Elle (la femme) ne deviendra jamais un esprit fort. (...) La nature, comme je l'ai dit, l'a enchaînée, dans son développement même, à la beauté; c'est sa destination, c'est, pour ainsi dire, son état".


Selon lui, "toute déviation de l'être engendre maladie ou difformité. (...) Une femme qui exerce son intelligence devient laide, folle et guenon;".

Bref, Pierre Joseph Proudhon était bien un homme de son temps, anarchiste et socialiste parce qu'il était né du côté des pauvres, un "militant" pour échapper à sa condition, aussi violent et réactionnaire que ses ennemis mais tout simplement pas du même côté. A son palmarès on ajoutera également celui d'antisémite; il voyait les juifs comme "l'ennemi du genre humain" qu'il fallait exterminer "par le fer ou par le feu" et se faisait de cette haine, une profession de foi politique.

Il ne déméritera pas du titre de Misogyne du mois de novembre 2008

Citation

"Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson."

Rebecca West (21 décembre 1892-15 mars 1983, journaliste et écrivaine)